Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/403

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ſçay ſi ie pourray ſeulement vouloir ce que ie voulois alors : car depuis que i’ay connu que vous aimez Clelie, ie ſens vne agitation ſi terrible dans mon cœur, que ie ne ſçay preſentement ſi ie veux aimer Clelie ; ſi ie vous veux haïr ; ou ſi ie me veux haïr moy meſme : & tout ce que ie ſçay auec certitude, eſt que ie voudrois bien ne manquer à rien de ce que ie dois à noſtre amitié, & n’abandonner pas Clelie. Ha Horace, s’eſcria Aronce, ce que vous voulez n’eſt pas poſſible : car ſi nous aimons tous deux Clelie, il faut de neceſſité que nous nous haïſſions. Ie vous ay tant d’obligation, reprit Horace, que ie ne penſe pas que l’amour que i’ay pour elle, & l’amitié que i’ay pour vous, ſoient tout à fait incompatibles. Si ce que vous dittes eſt vray repliqua Aronce, c’eſt à vous à me ceder Clelie : car il faut abſolument