Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/45

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leurs Maisons ruinées ; d’autres pour leurs Troupeaux eſtouffez ; & d’autres pour la ſeule crainte d’auoir perdu ce qu’ils cherchoient : car encore que les tremblemens de Terre ayent touſiours eſté aſſez frequents en cét aimable Païs ; la douleur de ceux qui s’eſtoient trouvez engagez en celuy-cy, n’en eſtoit pas moins grande. Mais entre tant de malheureux, dont ce funeſte Païsage eſtoit tout couuert, Aronce, l’infortuné Aronce, eſtoit le plus deſeſperé : son affliction eſtoit ſi forte, qu’il n’auoit pas la liberté de s’en pleindre : & ce fut veritablement en cette rencontre qu’il fut aiſé de diſcerner la difference qu’il y a de la douleur d’vn Pere & d’vne Mere à celle d’vn Amant. Car encore que Clelius & Sulpicie fuſſent en une peine extréme de leur Fille, il eſtoit aiſé de voir qu’Aronce ſouffroit incomparablement plus qu’eux,