Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/458

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ſans aller chez luy : car malgré les ſentimens tumultueux qu’il auoit dans l’ame, il trouua qu’il y auroit quelque choſe d’eſtrange d’aller quereller iuſques dans ſa propre Maiſon, vn homme à qui il deuoit la vie. Si bien que ſçachant qu’Aronce alloit aſſez ſouuent ſe promener le matin dans ce meſme Iardin public dont ie vous ay deſia parlé, il y fut, & l’y trouua ſeul. Comme ils eſtoient encore en ciuilité, Aronce au lieu d’eſuiter ſa rencontre, l’attendit au bout d’vne Allée : car par vn ſentiment de bonté, & de generoſité tout enſemble, depuis qu’il reçeuoit quelques innocentes marques de l’affection de Clelie, il auoit quelque pitié de ſon Riual : & il euſt fait des choſes fort difficiles pour le pouuoir guerir de la paſſion qu’il auoit dans l’ame, ſeulement pour luy eſpargner la douleur qu’il preuoyoit qu’il auroit, quand il