Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/459

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ſçauroit que Clelie auoit preferé ſon affection à la ſienne. Mais durant qu’il auoit vn ſentiment ſi genereux, Horace qui auoit la ialouſie dans le cœur, l’aborda auec vne ciuilité où il paroiſſoit quelque contrainte : & prenant la parole ; & bien Aronce, luy dit-il, n’eſt-il pas temps que ie ceſſe d’eſtre voſtre Amy ? & n’eſtes vous pas aſſez bien auec Clelie, pour que nous ſoyons mal enſemble ? Vous me demandez cela d’vn ton ſi fier, repliqua Aronce, que ie ſuis perſuadé que quand Clelie me haïroit horriblement, ie ſerois obligé en honneur de ne vous en eſclaircir pas : de peur que vous ne creuſſiez que la crainte de vous auoir pour ennemy, ne me fiſt parler ainſi. Ie vous diray pourtant, parce que ie ſuis ſincere, que ie ne ſuis point heureux : mais apres cela, ie ne laiſſe pas de vous donner le choix d’eſtre