Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/500

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ſi ie ne deſtruits toutes ces impoſtures, tenez moy pour le plus laſche de tous les hommes ; oſtez moy entierement l’eſperance ; & c’eſt à dire oſtez moy la vie. Parlez donc diuine Clelie, pourſuiuit-il, mais parlez ſans deſtourner vos beaux yeux : afin qu’ils puiſſent voir dans les miens toute l’innocence de mon cœur, & toute l’ardeur de mon amour. Clelie entendant parler Aronce comme il faiſoit, commença de douter de ce qu’on luy auoit dit de luy : de ſorte que le regardant alors auec vn peu moins de froideur ; de grace Aronce, luy dit-elle, ne vous iuſtifiez point : car i’aime encore mieux auoir de la colere que de la douleur : c’eſt pourquoy, puis qu’il faut de neceſſité que vous me perdiez, laiſſez moy croire que ie vous ay perdu. Non non Madame, reprit-il, ie n’endureray pas cette iniuſtice, & il faut