Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 01.pdf/505

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que ie voulus luy demander pourquoy elle vouloit deſeſperer Aronce, en le traitant ſi cruellement ; Aronce, reprit-elle, n’eſt peut-eſtre pas ſi innocent que vous le croyez : & vous eſtes peut-eſtre bien meilleur Amy que vous ne penſez, en parlant à ſon auantage. Clelie me dit cela en des termes ſi obſcurs, que comme ie ne ſçauois pas qu’elle croyoit qu’Aronce aimoit Fenice, ie n’auois garde de ſçauoir ce qu’elle vouloit dire : auſſi luy reſpondis-ie ſi ambigûmét, & noſtre conuerſation fut ſi embroüillée, que nous nous ſeparaſmes ſans nous entendre. De ſorte que lors qu’Aronce & moy fuſmes ſeuls, nous ne ſçauions qu’imaginer : car il eſtoit ſi eſtonné de voir que Clelie l’accuſoit d’aimer Fenice, & i’en fus ſi eſpouuanté, quand il me le dit, que ie ne ſçauois qu’en penſer : Aronce eſtoit meſme ſi affligé, qu’on ne pouuoit pas l’eſtre dauantage. Pour moy ie con-