Aller au contenu

Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 03.pdf/209

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

cœur : car ſi par malheur il n’auoit pas vn iour cét eſprit de diſcernement qui fait qu’on peut eſtre opiniaſtre ſans danger, il ſeroit expoſé à d’eſtranges choſes. Ie tombe d’accord, reprit la Vertueuſe fille de Pythagore, que ce que vous dites pourroit arriuer : mais apres tout, le temperament des Grands hommes doit eſtre tel que vous repreſentez celuy de voſtre fils : & il n’eſt rien de ſi oppoſé à la veritable Vertu, & à la Vertu Heroïque, que cette molle indifference qui oblige certaines perſonnes à prendre plaiſir à tout, ou à ne prendre plaiſir à rien : qui fait qu’elles n’ont ny grands deſirs de gloire, ny grande crainte d’infamie ; qu’elles n’aiment ny ne haïſſent ; qu’elles ſuiuent la couſtume ſans l’examiner; qu’elles ne ſentent preſque que les douleurs du corps, tant leur eſprit eſt inſenſible : & qu’elles ont enfin vne indolence de cœur,