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Page:Madeleine de Scudéry - Clélie, histoire romaine - Volume 04.pdf/759

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parlé la derniere fois. Car depuis cela il ne l’auoit ſeulement pû voir, tant elle auoit aporté de ſoin à eſuiter ſa rencontre ; & tant elle auoit mené vne vie retirée, & ſolitaire. Comme la Lune eſclairoit lors que cette illuſtre Troupe aprocha de Colatie, Brutus deſcouurit la Maiſon où demeuroit ſa chere Lucrece : de ſorte que ne pouuant s’empeſcher d’en ſoûpirer, Aronce qui eſtoit le plus prés de luy l’entendit, & luy en demanda la cauſe. Helas, luy dit-il, le moyen de voir le lieu où demeure la trop charmante Lucrece ſans ſoûpirer ? ha mon cher Brutus, luy dit alors Aronce, quoy que voſtre douleur ſoit iuſte, elle eſt pourtant moins bien fondée que la mienne ; car vous ne craignez du moins pas pour Lucrece, ni la mort, ni la violence d’un Tiran. Il eſt vray que la crainte ne fait pas le ſuplice de mon amour, reprit-il, mais i’ay pis