Page:Maeterlinck-L'oiseau bleu-1909.djvu/110

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nous sommes !… Eh bien, non ! C’est assez !… Puisqu’il en est ainsi, puisque l’heure est unique, j’irai seul, vieux, perclus, tremblant, aveugle, contre l’ennemi héréditaire !… Où est-il ?…

(Tâtonnant de son bâton, il s’avance vers Tyltyl.)

TYLTYL, tirant son couteau de sa poche.

C’est à moi qu’il en a, ce vieux-là, avec son gros bâton ?…

(Tous les autres arbres, poussant un cri d’épouvante à la vue du couteau, s’interposent et retiennent le Chêne.)

LES ARBRES

Le couteau !… Prenez garde !… Le couteau !…

LE CHÊNE, se débattant.

Laissez-moi !… Que m’importe !… Le couteau ou la hache !… Qui me retient ?… Quoi ! vous êtes tous ici ?… Quoi ! vous tous vous voulez ?… (Jetant son bâton) Eh bien, soit !… Honte à nous !… Que les animaux nous délivrent !…

LE TAUREAU

C’est cela !… Je m’en charge !… Et d’un seul coup de corne !…

LE BŒUF et LA VACHE, le retenant par la queue.

De quoi te mêles-tu ?… Ne fais pas de bêtises !… C’est une mauvaise affaire !… Cela finira mal… C’est nous qui trinquerons… Laisse donc… C’est affaire aux animaux sauvages…