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Page:Maeterlinck-L'oiseau bleu-1909.djvu/149

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TYLTYL

Est-ce qu’ils sont heureux de partir ?

L’ENFANT

On n’est pas content quand on reste ; mais on est triste quand on s’en va… Là ! Là !… Voilà qu’il ouvre !…

(Les grandes portes opalines roulent lentement sur leurs gonds. On entend, comme une musique lointaine, les rumeurs de la Terre. Une clarté rouge et verte pénètre dans la salle ; et le Temps, haut vieillard à la barbe flottante, armé de sa faux et de son sablier, paraît sur le seuil, tandis qu’on aperçoit l’extrémité des voiles blanches et dorées d’une galère amarrée à une sorte de quai que forment les vapeurs roses de l’Aurore.)
LE TEMPS, sur le seuil.

Ceux dont l’heure est sonnée sont-ils prêts ?…

DES ENFANTS-BLEUS, fendant la foule et accourant de toutes parts.

Nous voici !… Nous voici !… Nous voici !…

LE TEMPS, d’une voix bourrue,
aux enfants qui défilent devant lui pour sortir.

Un à un !… Il s’en présente encore beaucoup plus qu’il n’en faut !… C’est toujours la même chose !… On ne me trompe pas !… (Repoussant un enfant.) Ce n’est pas ton tour !… Rentre, c’est pour demain… Toi non plus, rentre donc et reviens dans dix ans…