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Page:Maeterlinck-L'oiseau bleu-1909.djvu/150

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Un treizième berger ?… Il n’en fallait que douze ; on n’en a plus besoin, nous ne sommes plus au temps de Théocrite ou de Virgile… Encore des médecins ?… Il y en a déjà trop ; on s’en plaint sur la Terre… Et les ingénieurs, où sont-ils ?… On veut un honnête homme, un seul, comme phénomène… Où donc est l’honnête homme ?… C’est toi ?… (L’enfant fait signe que oui.) Tu m’as l’air bien chétif… tu ne vivras pas longtemps !… Holà, vous autres, là, pas si vite !… Et toi, qu’apportes-tu ?… Rien du tout ? les mains vides ?… Alors on ne passe pas… Prépare quelque chose, un grand crime, si tu veux, ou une maladie, moi, cela m’est égal… mais il faut quelque chose… (Avisant un petit que d’autres poussent en avant et qui résiste de toutes ses forces.) Eh bien, toi, qu’as-tu donc ?… Tu sais bien que c’est l’heure… On demande un héros qui combatte l’Injustice ; c’est toi, il faut partir…

LES ENFANTS-BLEUS

Il ne veut pas, monsieur…

LE TEMPS

Comment ?… Il ne veut pas ?… Où donc se croit-il, ce petit avorton ?… Pas de réclamations, nous n’avons pas le temps…

LE PETIT, que l’on pousse.

Non, non !… Je ne veux pas !… J’aime mieux ne pas naître !… J’aime mieux rester ici !…

LE TEMPS

Il ne s’agit pas de ça… Quand c’est l’heure, c’est l’heure !… Allons, vite, en avant !…