Aller au contenu

Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/171

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

XXV

Nous avons vu que les ouvrières, dès qu’elles ne se sentent plus serrées de près par la menaçante fécondité de la mère, se hâtent de bâtir des cellules à provisions dont la construction est plus économique et la capacité plus grande. Nous avons vu, d’autre part, que la mère préfère pondre dans les petites cellules et qu’elle en réclame sans cesse. Néanmoins, à leur défaut, et en attendant qu’on lui en fournisse, elle se résigne à déposer ses œufs dans les larges cellules qu’elle trouve sur son passage.

Les abeilles qui en naîtront seront des mâles ou faux-bourdons, bien que les œufs soient en tout pareils à ceux dont naissent les ouvrières. Or, au rebours de ce qui a lieu dans la transformation d’une ouvrière en reine, ce n’est pas la forme ou la capacité de l’alvéole qui détermine ici le changement, car d’un œuf pondu dans une grande cellule et transporté ensuite dans une cellule d’ouvrière sortira (j’ai réussi à opérer quatre ou cinq fois ce transfert qui est assez difficile à cause de la petitesse microscopique et de l’extrême fragilité de l’œuf)