Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/216

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’entrée de l’abeille tous les organes de ces trois fleurs se mettre en mouvement à la manière de ces mécaniques compliquées que l’on trouve dans nos foires villageoises, et qui entrent en branle quand un tireur habile a touché le point noir de la cible.

Nous pourrions descendre plus bas encore, montrer comme l’a fait Ruskin, dans ses Ethics of the Dust, les habitudes, le caractère et les ruses des cristaux, leurs querelles, ce qu’ils font quand un corps étranger vient troubler leurs plans, qui sont plus anciens que tout ce que notre imagination peut concevoir, la manière dont ils admettent ou rejettent l’ennemi ; la victoire possible du plus faible sur le plus fort, par exemple le Quartz tout-puissant qui cède courtoisement à l’humble et sournois Épidote et lui permet de le surmonter, la lutte tantôt effroyable, tantôt magnifique du cristal de roche avec le fer, l’expansion régulière, immaculée, et la pureté intransigeante de tel bloc hyalin qui repousse d’avance toutes les souillures, et la croissance maladive, l’immoralité évidente de son frère, qui les accepte et se tord misérablement dans le vide ; nous pourrions invoquer les étranges phénomènes de cicatrisation et de réintégration cristalline dont parle