Page:Maeterlinck - La Vie des abeilles.djvu/247

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

grande. Et si, un jour nous reconnaissons que nous avons fait fausse route, qu’elle est petite et incohérente, ce sera grâce à l’animation que nous avait donnée sa grandeur présumée que nous découvrirons sa petitesse, et cette petitesse, quand elle sera certaine, nous enseignera ce qu’il faut faire. En attendant, ce n’est pas trop, pour aller à sa recherche, que de mettre en mouvement tout ce que notre raison et notre cœur possèdent de plus puissant et de plus audacieux. Et quand le dernier mot de tout ceci serait misérable, ce ne sera pourtant pas une petite chose que d’avoir mis à nu la petitesse ou l’inanité du but de la nature.

X

« Il n’y a pas encore de vérité pour nous, me disait un jour un des grands physiologistes de ce temps, tandis que je me promenais avec lui dans la campagne, il n’y a pas encore de vérité, mais il y a partout trois bonnes apparences de vérité. Chacun fait son choix ou plutôt le subit, et ce choix qu’il subit ou qu’il fait souvent sans réfléchir et auquel il se tient, détermine la forme et la conduite de tout ce qui pénètre en