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toire, n’a pas encore, que je sache, été méthodiquement entreprise. Il est à souhaiter qu’elle le soit, car elle toucherait à plus d’un problème aussi grand que ceux de bien des histoires humaines. Pour nous, sans plus rien affirmer puisque nous entrons dans la région voilée des suppositions, nous nous contenterons de suivre dans sa marche vers une existence plus intelligente, vers un peu de bien-être et de sécurité, une tribu d’hyménoptères, et nous marquerons d’un simple trait les points saillants de cette ascension plusieurs fois millénaire. La tribu en question est, nous le savons déjà, celle des Apiens[1], dont les traits essentiels sont si bien fixés et si distincts qu’il n’est pas défendu de croire que tous ses membres descendent d’un ancêtre unique.

Les disciples de Darwin, Hermann Müller entre autres, considèrent une petite abeille sauvage, répandue par tout l’univers, et appelée

  1. Il importe de ne pas confondre les trois termes : apiens, apides et apites que nous emploierons tour à tour et que nous empruntons à la classification de M. Émile Blanchard. La tribu apienne comprend toutes les familles d’abeilles. Les apides forment la première de ces familles et se subdivisent en trois groupes : les Méliponites, les Apites et les Bombites (Bourdons). Enfin les Apites renferment les diverses variétés de nos abeilles domestiques.