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ÉD. GRIMARD

mand, fut chargée de compléter mon éducation. Cette jeune fille était charmante, mais peu sérieuse, et nos études n’avaient rien de profond, à mon grand regret. Je crus longtemps mes rêves irréalisables.

Un jour, si ces souvenirs vous ont intéressés, je vous dirai comment, et au moment où je m’y attendais le moins, nous nous trouvâmes, une de mes cousines et moi, installées à Helsingfors, toutes deux élèves à l’École normale d’institutrices, et travaillant avec ardeur ; comment je conquis mes diplômes, et comment, depuis quelques mois professeur dans une école gouvernementale, je puis aujourd’hui répandre autour de moi les enseignements jadis reçus, manne céleste à laquelle tous ont droit et qui, seule, rend la vie heureuse.

J. Lermont.
fin

MONOGRAPHIES VÉGÉTALES


LA PLANTE BIENFAITRICE (Suite.)

C’est donc la betterave qui nous a sauvés d’une crise redoutable et qui, à ce titre, mérite que nous lui consacrions quelques lignes.

La betterave appartient à la famille des salsolacées. Tout le monde connaît la physionomie bonasse de cet énorme tubercule allongé qui, tantôt d’un rouge violacé, tantôt d’un jaune plus ou moins pâle, n’en reste pas moins la même bonne plante sucrière qui essaye vainement de se déguiser sous des formes de variétés diverses. C’est ainsi que les traités d’agriculture nous énumèrent la grosse rouge, la petite rouge, la jaune, la blanche et la veinée de rouge. Betteraves que tout cela. Toutefois, les meilleures sucrières sont les rouges et les blanches.

Le sucre de betterave étant, comme tous les sucres, susceptible de se transformer en alcool par la fermentation, on peut à volonté extraire de la betterave du sucre ou de l’alcool, suivant que s’augmente sur le marché la demande de l’un ou l’autre de ces produits.

Grâce à la bienfaisante collaboration de la canne et de la betterave, nous voilà donc munis de sucre, de tout le sucre nécessaire, et Dieu sait s’il nous en faut ! Ne l’emploie-t-on pas de mille façons, pour l’alimentation générale, comme pour la satisfaction de certains besoins de luxe dont on peut trouver la longue énumération dans le chapitre des livres de cuisine intitulé « Friandises » ?… Si bien que, sans s’adonner aux séductions qu’énumère ce fameux chapitre, l’on se demande avec quelque inquiétude : « Que ferions-nous, si nous n’avions plus de sucre ? »

« Fort bien, direz-vous, mais comment faisaient donc nos ancêtres qui, sans doute, en étaient privés ? »

Cette question judicieuse est digne d’être prise en considération.

Non, nos ancêtres ne connaissaient pas le sucre, et cependant où n’y en a-t-il pas ? Vous n’ignorez pas que la bonne et prévoyante nature en a mis presque partout. L’on en trouve dans le maïs, la sève des érables et des bouleaux, les carottes, les navets, la guimauve, la châtaigne, le melon, la figue, la banane ; l’on en trouve encore dans le lait, voire même dans la fécule et, le croirait-on ? dans le bois lui-même ; sans parler du miel que les abeilles vont puiser dans toutes sortes de fleurs au suc liquoreux… Du sucre ! mais nous en avons dans nos organes et nous en fabriquons étrangement, quand nous avons le diabète — ce dont vous préserve le ciel !

Éd. Grimard.

(La suite prochainement.)