Page:Magasin d education et de recreation - vol 16 - 1871-1872.djvu/25

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En effet, au diner, quand Édouard parut, avec son coup de poing sur l’œil et son nez au bleu, ce furent de tous côtés des exclamations, et, surtout de la part de M. et Mme Ledan, des questions empressées. Victor se taisait, mais il fronçait les sourcils, et il était sombre. Amine se hâta de prendre la parole et de raconter comment elle avait pansé Édouard avec l’aide d’Émile, et qu’en somme ce ne serait rien.

— Mais enfin comment a-t-il fait pour s’arranger ainsi, reprit Me Ledan.

— Oh ! dit alors Édouard c’est que je ne suis pas si habile que Victor, moi ; quand je tombe, je me fais mal. Je suis un maladroit. »

On n’en demanda pas davantage. Victor était devenu tout rouge et continuait de garder le silence. Mais après le diner, il s’approcha d’Édouard.

« Tu n’as pas voulu m’accuser, lui dit-il. Je t’en remercie. Tu es un bon garçon et je suis bien fàché de t’avoir fait du mal. Veux-tu ma belle toupie ?

— Non merci, répondit Édouard, je n’ai pas besoin de cadeaux pour être bien avec toi. Je te demande seulement de ne pas toucher aux bouvreuils.

— Oh ! pour cela, tu n’avais pas besoin de me le demander. Sois tranquille. »

Édouard après cette conversation, tour na ses pas du côté de son jardin, et les dégâts causés par la lutte, lui furent très-pénibles à revoir. Cependant, avec un peu de travail et de temps, ce serait bientôt réparé, et il n’y aurait pas d’autre mal. Édouard vit qu’il avait bien fait de suivre le conseil d’Amine. S’il avait fait punir Victor, celui-ci serait devenu son ennemi, et n’aurait pas manqué en toute occasion de lui jouer de mauvais tours, et, pour commencer, de s’emparer des bouvreuils, Au lieu de cela, Victor était devenu son ami, et le nid était désormais sauvé.

La tête d’Édouard lui faisait bien mal :

il avait les côtes endolories ; mais il était tout heureux au fond de l’âme des bonnes paroles de Victor, de ce pacte d’amitié scellé par une vigoureuse poignée de main, dont il sentait encore la chaleur, et, tandis qu’il marchait à petits pas dans l’allée qui longeait le mur, au-dessus du nid, et qu’il entendait sous le lierre les doux chuchotements des oiseaux et de leurs petits, il se disait que la souffrance physique est peu de chose quand on est content de soi. Il s’était dévoué pour de plus faibles que lui ; 1] avait été courageux et bon : Son cœur était tout rempli d’un sentiment délicieux et fier. Il était heureux.

Lucie B.

La suite prochainement.



NÉCESSITÉ DE DIEU

La première chose qu’il faut apprendre, c’est qu’il y a un Dieu et qu’il gouverne tout par sa Providence ; ensuite il faut examiner quelle est sa nature. Sa nature étant bien connue, il faut nécessairement que ceux qui veulent lui plaire et lui obéir fassent tous leurs efforts pour lui ressembler ; qu’ils soient libres, fidèles, bienfaisants, miséricordieux, magnanimes.

ÉPICTÈTE.

L’impossibilité où je suis de prouver que Dieu n’est pas, me découvre son existence.

LA BRUYÈRE.

Une intelligence supérieure est saisie, à proportion de sa supériorité même, des beautés de la création, C’est l’intelligence qui découvre l’intelligence dans l’univers, et un grand esprit est plus capable qu’un petit de voir Dieu à travers ses œuvres.

LAMARNTINE.