Page:Magasin d education et de recreation - vol 16 - 1871-1872.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


deux jeunes astronomes par un signal lumineux. Il fallait, pour l’achèvement de l’opération géodésique, que William Emery et Michel Zorn visassent à leur tour le sommet du Scorzef et, sans doute, du pic qu’ils occupaient, ils attendaient impatiemment que ce feu leur apparût.

« Encore un effort ! » s’écria le colonel Everest, |

Et pendant que ses compagnons repoussaient avec une surhumaine énergie les rangs des Makololos, il entra dans le donjon.

Ce donjon était fait d’une charpente compliquée de bois sec. Une étincelle pouvait y mettre le feu. Le colonel l’enflamma au moyen d’une amorce. Le bois petilla aussitôt et le colonel, se précipitant au dehors, rejoignit ses compagnons.

Quelques minutes après, sous une pluie de flèches et de corps précipités du haut du Scorzef, les Européens descendaient les rampes, faisant glisser devant eux la mitrailleuse qu’ils ne voulaient point abandonner. Après avoir repoussé encore

une fois les indigènes sous leur meurtrière fusillade, ils atteignirent la chaloupe.

Le mécanicien, ‘suivant les ordres de son chef, l’avait tenue en pression. L’amarre fut larguée, l’hélice se miten mouvement, et la Queen and Tzar s’avança rapidement sur les eaux sombres du lac.

Bientôt la chaloupe fut assez éloignée, pour que les passagers pussent apercevoir le sommet du Scorzef, Le donjon tout en feu, brillait comme un phare et devait facilement transmettre sa lueur éclatante jusqu’au pic du Volquiria.

Un immense hurrah des Anglais et des Russes salua ce gigantesque flambeau dont l’éclat rompait sur un vaste périmètre l’obscurité de Ja nuit.

Ni William Emery, ni Michel Zorn ne pourraient s’en plaindre !

Ils avaient montré une étoile, on leur répondait par un soleil !

Jules Verne.

La suite prochainement.

(Reproduction et traduction interdites.)

La suite prochainement.


LA JUSTICE DES CHOSES

ÉDOUARD DÉDAIGNEUX

Le lendemain matin, Édouard, courant à son jardin, aussitôt levé, aperçut, au milieu d’un des grands carrés un jeune paysan qui ramait les petits pois, c’est-à-dire, piquait des branches destinées à les soutenir, et auxquelles s’accrocheraient leurs vrilles à mesure que la tige croitrait en hauteur. Le jardin avait grand besoin d’un bon coup de main ; car M. Ledan, qui lai aussi pendant les récréations prenait la bêche, ne pouvait suffire aux soins qu’exigeaient tour à tour et souvent tous à la fois, les salades, les artichauts, les haricots, les fraisiers, tous ces végétaux empressés de croître qui remplissaient les carrés et les plates-bandes. Aussi, depuis quelques jours, Édouard entendait-il dire sans cesse :

« Antoine ne vient pas ! Quand donc aurons-nous Antoine.

— Ce doit être Antoine, se dit-il, et il passa vite ; car il était impatient d’aller