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coucher, s’adressant résolûment à M. Ledan, le front rouge et la voix entrecoupée, il lui demanda la permission de rester à la maison le lendemain.

« Je comprends votre motif, Édouard, répondit M. Ledan ; mais c’est vraiment impossible. Françoise profite de notre absence pour aller de son côté voir sa mère. La maison reste entièrement vide ; vous n’auriez pas vos repas ; vous seriez tout à fait seul et pour moi je ne serais pas tranquille, — Mais vous avez tort de vous tourmenter, ajouta-t-il, en voyant la contrariété d’Édouard. Je vous l’ai dit : les Ravenel, les parents d’Antoine, sont de braves gens, chez qui les bons sentiments suppléent à l’éducation, Vous êtes mon élève ; vous serez leur hôte ; cela suffit pour que leur hospitalité ne soit pas pour vous moins affable que pour les autres. Si elle est au fond moins sympathique, ce ne sera pas leur faute ; mais rien du moins ne vous le fera sentir, j’en suis certain. »

Cette assurance n’effaçait pas la gêne secrète qui devait remplacer pour Édouard les plaisirs de cette journée ; mais il ne pouvait insister davantage, et il fallait bien en prendre son parti.

Lucie B.

La suite prochainement.


WILLIAM HERSCHELL

Vers le milieu du siècle dernier, un jeune musicien né dans le Hanovre était passé en Angleterre où il dirigeait comme instructeur, le corps de musique d’un régiment, qui tenait garnison en Écosse. Cette condition lui laissant de nombreux loisirs, il apprit seul l’italien, le grec, le latin et beaucoup de mathématiques. Cette dernière branche des sciences surtout devint chez lui une véritable passion ; un jour le hasard met dans ses mains un simple petit télescope à l’aide duquel il examine Ie ciel, et le voilà possédé du désir de connaître les lois qui régissent le mouvement des mondes répandus dans l’immensité. Il se procure des livres, il en dévore la substance ; il veut être astronome. Il le deviendra. Les calculs à faire ne sont plus ce qui l’embarrasse, mais il lui faudrait un instrument puissant pour Îles observations qu’il rêve. Il écrit pour en savoir le prix. Ce prix dépasse de beaucoup ses ressources. Le pauvre musicien ne voit rien de mieux que de construire lui-même cet instrument. Il se met à la besogne, il essaye, il tâtonne, il expérimente pour la nature du métal, la courbure à donner aux miroirs. Tant et si bien qu’après plusieurs années de travail il peut examiner le ciel avec un télescope de cinq pieds construit tout entier de sa main.

Le nom de William Herschell ne tarda pas à se répandre, car le musicien astronome n’avait pas attendu d’avoir achevé son instrument pour adresser aux savants des mémoires qui témoignaient d’une véritable intuition de la transcendante étude à laquelle il s’était consacré.

Recherché, fêté, William Herschell devint le premier astronome de l’Europe, par les découvertes qu’il fit, par les théories qu’il publia, et qui aujourd’hui sont comme le code de la science astronomique moderne.

E. Muller.