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Page:Magasin d education et de recreation - vol 17 - 1872-1873.djvu/154

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mettez-moi d’insister ici, privée de fait, des éléments qu’on croit nécessaires au bonheur, elle avait l’air heureux néanmoins. À la vue de cette mère souriante, qui oubliait toutes les difficultés de sa vie dans la tendresse qu’elle éprouvait pour son enfant,imon cœur,serré par l’entrevue que je venais d’avoir avec Isoline, se rouvrit subitement. Je respirai plus à l’aise, et, comparant ces deux existences, je n’hésitai pas à préférer à celle de l’orgueilleuse Isoline, celle de la paysanne. Si pauvre qu’elle fût, celle-ci, du moins aimait. Son existence élait comme un pauvre petit jardin de campagne, planté de pommes de terre et de choux, rempli d’herbes folles et de ronces, mais où S’épanouissait le liseron Sur la haie touffue, où chantait le pinson, où l’arbre en plein ent donnait un fruit savoureux, quoique Sauvage. La vie d’Isoline, c’était le désert de sable, où, dans les tortures d’une soif que rien n’apaise, la mort devient un bienfait ; car il ne faudrait pas croire que celui qui n’aime pas, que l’égoïste, ne ressente pas le besoin d’être aimé. Il en est dévoré, peut-être plus que tout autre, et souffre sans comprendre qu’il ne peut pas être aimé, parce qu’il n’aime pas.

« Cette histoire, trop vraie, hélas ! mes enfants,touche à certains faits sur lesquels votre attention ne sera peut-être que plus tard amenée à réfléchir, mais j’ai cru bon de vous montrer quelle influence peuvent avoir sur l’existence entière d’une femme les premiers défauts du caractère de l’enfant quand l’éducation ne les a pas corriœés. L’histoire d’un égoïste ne saurait être touchante, c’est nécessairement le plus sec et le moins captivant des sujets. Ce n’est la faute ni de celui qui la raconte ni de ceux qui l’écoutent. C’est celle du personnage forcément désagréable qu’on est obligé de mettre en scène quand il s’agit de montrer par un exempe — à quoi aboutit l’égoïsme. » |

Lucie B.

La suite prochainement.


GÉNÉROSITÉ

Le roi de Perse, Xercès, avait eu l’indi- | gnité d’insulter à la mort de Léonidas, le glorieux vaincu des Thermopiles, en faisant metire son corps en croix. Après la bataille de Platée, où trois cent mille Perses furent taillés en pièces par les cinquante mille Spartiates que Pausanias commandait, Lampon, Éginète, voulut persuader à celui-ci de faire subir le même traitement | au corps de Mardonius, le générakennemi, qui avait été tué dans l’action.

« En faisant cela, lui dit-il, vous vous attirerez les louanges des Spartiates et de tous les Grecs, et vous venzerez l’outrage infligé à Léonidas qui était votre oncle. »

Pausanias rejeta ce conseil avec indignation.

« Comment, répondit-il, augmenterais-je ma réputation en faisant une chose qui n’est digne que des barbares, et que nous leur reprochons comme un crime et comme une infamie ? Comment pourrais-je m’abaisser jusqu’à me montrer cruel envers un mort ? Ce n’est point par de tels sentiments et de telles actions que je chercherai jamais à plaire à mes concitoyens. »

Belles paroles, et qui sont à méditer par les vainqueurs de tous les temps. En usant de représailles 1mpics, on déshonore une revanche légitime. Ce qui est coupable en soi-même ne devient pas juste parce que d’autres l’ont fait.

Extrait d’ÉRODOTE.