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Page:Magasin d education et de recreation - vol 17 - 1872-1873.djvu/22

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dans votre mal ; mais il y a aussi une faiblesse nerveuse, dont vous n’êtes pas encore tout à fait maitre ; vous en triompherez, j’en suis sûre ; et dès à présent je puis affirmer, sans crainte de me tromper, que vous ne serez pas une girouette, mais un homme. »

Lucie B. La suite prochainement.


CE QUE L’ANGLETERRE DOIT À LA SCIENCE[1]

Avant de pouvoir étendre notre vue sur le vaste champ qui s’ouvre devant nous, il est nécessaire que nous demandions à l’histoire de nous rappeler la condition sociale et industrielle du monde à l’époque où les progrès de la science, — quoique déjà considérables, — étaient loin d’être ce qu’ils sont aujourd’hui.

Prenant pouf guides nos plus éminents historiens, retournons en arrière de quatre siècles environ, et examinons rapidement l’état de l’Europe depuis cette époque jusqu’à deux siècles du temps actuel, au moment des grandes découvertes de Newton.

Ce moment marque notre entrée dans l’ère brillante des connaissances scientifiques, ère qui eut son aurore dans les anciens âges. À mesure que notre race vieillissait, les hautes pensées et les découvertes des hommes de génie traversaient comme un éclair le firmament intellectuel et y laissaient une trace lumineuse favorable au progrès de nos connaissances.

Le matin de notre période scientifique embrasse la découverte de l’Amérique, l’invention de la poudre à canon et de l’imprimerie, les découvertes de Galilée dans l’optique ct de Copernic dans l’astronomie, ainsi que l’invention des logarithmes par Napier ?[2]

Après l’alphabet et les chiffres, j’ai toujours pensé que cette invention, qui abrège tellement les calculs, était le plus grand progrès mental, — purement mental, — qui ait jamais été accompli par l’homme. Dans toutes ses autres conquêtes, il a été, pour ainsi dire, assisté par la nature. Elle lui suggérait les pensées, elle lui ouvrait les voies qui devaient le conduire à la connaissance. Mais que de temps il fallait pour y parvenir et pour aboutir ensuite à des résultats pratiques ! Quelle distance de l’observation de la chute des corps à la découverte de la gravitation, par Newton ; quel lent progrès, depuis le premier essai des forces du feu et de l’eau, jusqu’à l’utilisation de la vapeur ; depuis l’éolipyle d’Héron, inventé il y a deux mille ans, jusqu’à la machine de Watt. Ne voyons-nous pas la même lente succession dans les découvertes relatives au poids de l’atmosphère, malgré tous les enseignements de la nature ? Depuis qu’il existe des yeux pour voir et des imaginations pour contempler, l’arc-en-ciel a brillé dans la nue, proclamant, pour ainsi dire, que la lumière du soleil est composée de sept rayons diversement colorés. Mais Newton a été le premier à en donner la démonstration, et il a fallu tout le temps qui s’est écoulé depuis, — 165 ans environ, — pour développer sa découverte et arriver à la glorieuse conquête de l’analyse spectrale, qui nous fait connaître la composition chimique des corps célestes.

Tous ces progrès ont eu leur développement graduel ; mais Napier, dans son invention des logarithmes, et quoiqu’il n’eût

  1. Extrait d’une lecture faite par le commandant Maury à l’institut militaire de Lixington (Virginie). Cet exposé des progrès dus la science pur l’Angleterre, donne l’idée de ceux que la France lui doit, que le monde lui doit. La science a cet avantage sur la politique que partout elle travaille pour tous.
  2. L’emploi des tables de logarithmes abrège et simplifie toutes les opérations du calcul en les ramenant, sous la forme de tableaux, soit à des additions, soit à des soustractions.