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Page:Magasin d education et de recreation - vol 17 - 1872-1873.djvu/287

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a lancé dans l’espace un ballon dirigeable de forme allongée, muni d’une hélice que faisait mouvoir une machine à vapeur. C’est cette glorieuse et impérissable expérience qui sera d’après nous le point de départ de la véritable navigation aérienne.

Le moment est peut-être proche où l’on recommencera, avec succès cette fois, la construction d’un aérostat dirigeable. Alors la météorologie, pour nous en tenir à l’objet de notre travail, sera définitivement fondée. Il n’y aura plus de secrets dans l’atmosphère quand l’homme l’aura définitivement conquis.

GASTON TISSANDIER.

FIN DE L’HISTOIRE DE L’AIR.


LA JUSTICE DES CHOSES

ÉDOUARD COURAGEUX

Quelques jours se passèrent, pendant lesquels la maman d’Édouard refusa toute invitation, en disant que son fils n’était pas bien. Puis vint une lettre pressante de la famille Albin, qui passait l’été à Saint-Maur. On devait se réunir là de vingt à trente personnes, dont les deux tiers seraient des enfants : on pêcherait, on dinerait sur la pelouse, on danserait le soir au piano ; on S’amuserait entre-temps de toutes ses forces, et la jeune fille de la maison, grande amie d’Adrienne, avait mis au bas de la lettre : « Il me faut Adrienne ! Adrienne, ou pas de plaisir ! »

Adrienne sourit de cette insistance et regarda joyeusement sa mère, ne doutant point de son consentement.

« Cela dépend un peu de ton frère, dit la maman, en regardant Édouard.

— Ah ! par exemple ! s’écria la fillette d’un ton scandalisé, Édouard n’est point du tout malade. »

Puis elle baissa la tête sur son ouvrage d’un air mécontent.

« Ton frère le saura peut-être mieux que toi, répondit la mère, et tu me permettras de le lui demander. »

Adrienne releva la tête. Elle semblait vraiment irritée.

« Oh ! je sais ce que tout le monde peut voir aussi bien que moi ; c’est que lorsqu’on a de si belles couleurs et qu’on dîne de si bon ’appétit… à moins que ce ne soit par plaisir de contrarier… »

Elle s’arrêta devant le regard sévère de sa mère ; mais son teint animé, son regard fâché, témoignaient d’une vive émotion.

Édouard, la regardant, répondit :

« Oh ! non maman, je ne suis plus, je ne puis plus être malade.

— Bien, mon enfant, » dit la mère d’un ton affectueux.

Et elle ajouta, en attachant sur lui un regard inquiet et tendre :

« Si tu as bien consulté tes forces.

— Oui, dit-il.

— Alors, nous irons, » reprit la maman, en s’adressant à sa fille cette fois.

Mais cette assurance ne parvient pas à dérider Adrienne. Son nez reste quasi collé à sa tapisserie, et ses lèvres remuent sans laisser échapper un son, comme si elle se confiait à elle-même des choses très-pénibles.