constamment maniéré et prétentieux de Marivaux, qu’on applique le mot de marivaudage.
13 Février 1789. — La Société de la Charité Maternelle commence ses travaux. Cette société, qui a son siége principal à Paris, a des sociétés auxiliaires dans les villes d’Angoulême, Auxerre, Avignon, Bordeaux, Bourg, Bourges, Carcassonne, Dijon, Draguignan, La Rochelle, Le Mans, Lille, Limoges, Lyon, Marseille, Metz, Montauban, Moulins, Nantes, Niort, Orléans, Poitiers, Reims, Rennes, Rouen, Strasbourg, Toulon, Toulouse, Tours, Troyes.
Elle a pour but de secourir les pauvres femmes en couches, de les encourager et de les aider à nourrir elles-mêmes leurs enfans, en leur donnant 5 francs par mois pendant quinze mois, et en leur fournissant des layettes et du linge.
À Paris, les mères qui veulent être admises aux secours de la Société, doivent se présenter dans le dernier mois de leur grossesse, rue Coq-Héron, no5, et présenter, outre les certificats d’indigence et de bonnes mœurs, un extrait de leur acte de mariage.
14 Février 1760. — Mort de Guymond de La Touche, auteur d’une tragédie sans intrigue d’amour qui est restée au théâtre : Iphigénie en Tauride.
15 Février 645. — Le roi Dagobert Ier meurt d’une dyssenterie. C’est lui qui fit bâtir l’abbaye de Saint-Denis ; le chœur de l’église fut couvert par ses ordres de lames d’argent.
15 Février 1583. — Henri III fait publier à son de trompe le calendrier réformé par le pape Grégoire XIII, avec ordre de s’en servir désormais.
15 Février 1794. — La Convention décide que le drapeau national sera formé de trois bandes verticales et égales : rouge, blanche, bleue.
MŒURS DES ANIMAUX.
Nous parlerons souvent des animaux dans cet ouvrage, parce qu’un intérêt vivant s’attache à ces êtres que nous avons dû repousser dans les déserts, que nous sommes obligés de courber sous notre fouet, ou de tuer pour en faire nos repas, et qui vivent pourtant d’une manière analogue à la nôtre. La terre leur fournit, comme à nous, la nourriture ; leur instinct correspond à notre raison, et quelques philosophes ont pu croire que si l’homme disparaissait de la face du globe, les espèces les plus élevées dans l’échelle animale prendraient un développement supérieur à celui que nous leur connaissons. Cette idée est très difficile à vérifier, car nous n’avons point envie de céder notre place aux animaux ; partant, elle est sans issue ; et sans doute on serait plus sage de penser que si l’homme voulait faire l’éducation de quelques espèces, il les ferait arriver encore plus vite à la limite de leur perfectionnement et de l’utilité qui leur est dévolue. Quoi qu’il en soit, il faut toujours commencer par connaître les habitudes et le caractère des animaux ; c’est à quoi nous nous attacherons particulièrement, parce que c’est le point de vue le plus piquant de l’histoire naturelle, et que l’intérêt qu’il provoque conduit plus tard à ouvrir la porte de l’amphithéâtre des sciences.
L’OURS.
Nous dirons aujourd’hui d’abord quelque chose de l’ours : parmi tous les animaux sauvages, certainement c’est le plus connu, et par cela même il semblerait devoir être écarté de ce Magasin, comme peu propre à arrêter les regards des curieux ; aussi ne reçoit-il les honneurs de l’admission qu’en récompense de sa popularité.
Il y a plusieurs espèces d’ours : l’ours brun d’Europe et l’ours noir d’Amérique, qui ont à peu près les mêmes mœurs et la même taille, et qui sont les plus communs et les mieux connus ; l’ours blanc de mer, qui est généralement plus gros que les précédens, qui est assez craintif lorsqu’il n’est pas affamé ; qui nage, plonge et pêche fort adroitement les poissons de toute taille, vient à bout des phoques, happe les oiseaux pêcheurs quand il peut, et s’embarque sans difficultés sur une glace flottante, insouciant comme un artiste, pour voyager sur la haute mer. Il est peu de gens qui n’en aient vu dans les ménageries portatives, enfermés dans une cage ; ce pauvre animal, qui aime tant le grand air, l’air piquant des plaines de glaces ! On le reconnaît, dans sa prison, au mouvement continuel de sa tête et de son cou, qu’il secoue d’une façon toute mélancolique, comme s’il voulait dire : « Il n’y a plus de bonheur pour moi sur la terre. »
On distingue aussi un ours gris, qui paraît jouer dans la famille oursine le rôle de nos géans. Sa longueur est d’au moins huit pieds ; il est féroce, et se défait facilement d’un bison. C’est un des animaux les plus redoutés du nord de l’Amérique ; il inspire la plus grande terreur aux sauvages. On a consigné l’histoire d’un ours de cette espèce, qui, blessé à la fois par les coups de fusil de six chasseurs, les poursuivit néanmoins vers une rivière ; qui, après avoir essuyé de nouveau le feu de quatre d’entre eux, ne cessa de leur donner la chasse, et les forçant de se précipiter dans l’eau du sommet d’un escarpement de vingt pieds de hauteur, s’élança après eux, et s’apprêtait à faire un mauvais parti au plus traînard des quatre nageurs, si un de ceux qui étaient restés sur la rive ne lui eût traversé la tête d’un dernier coup de feu.
Mais, comme il a été dit plus haut, les ours les plus répandus, sont notre ours brun d’Europe et son compagnon l’ours noir d’Amérique. Celui qu’on chasse dans le Canada jouit d’une réputation assez avantageuse auprès des perruquiers, qui composent avec sa graisse une pommade estimée pour faire croître les cheveux : leur fourrure tient un rang distingué parmi les fourrures grossières. Les pieds d’ours constituent une friandise qui figure avec honneur sur les tables dans les pays septentrionaux. Les Tartares se régalent en mêlant du miel avec la graisse crue qu’il retirent de cet animal ; et dans le nord de l’Amérique, les habitans emploient à des usages domestiques l’huile et le saindoux qu’ils obtiennent dans leurs échanges avec les naturels.
La nourriture de l’ours est très variée, ce qui peut faire supposer chez lui une prédisposition naturelle à la civilisation ; ainsi, il mange des racines, des fruits, des framboises, des châtaignes, et surtout le miel, qui l’affriande si terriblement qu’il croque même les abeilles ; il mange aussi des fourmis.
L’ours habite les hautes montagnes, mais c’est dans le nord surtout qu’on le rencontre à l’état le plus sauvage ; là, il s’attaque volontiers à l’homme, et dévore un Islandais très promptement. Dans ces pays sa force est prodigieuse, bien qu’inférieure à celle de l’ours gris. Il peut marcher à l’aise sur ses pieds de derrière en portant de pesans fardeaux dans ses pates de devant. On en a vu un qui traversait ainsi