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un arbre formant un pont sur un torrent, et qui tenait un jeune cheval mort entre ses bras.

L’ours dans sa manière de combattre a quelque rapport avec la nôtre. Il se dresse sur ses pieds de derrière et assène des coups de poing, des gourmades d’importance, ne se servant presque jamais de ses dents ; il paraît même certain que lorsqu’il est poussé à bout, il s’accule contre un rocher, et tient le chasseur en respect à l’aide de pierres qu’il lui lance avec raideur.

L’ours, quand il est pris jeune, est susceptible de recevoir une éducation assez brillante. Qui n’a pas vu la danse de l’ours ? En Lithuanie, à Smorgonié, il y a même une sorte d’académie où ce docile quadrupède, enlevé tout mal léché à ses montagnes, reçoit les leçons des meilleurs instituteurs. On doit lui savoir d’autant meilleur gré de cette complaisance, qu’il se plaît dans la solitude, et apprécie les lieux farouches. Le spleen paraît être son état habituel ; car, pendant une partie de l’hiver, il se blottit sans provisions dans une caverne, où il partage son temps entre le plaisir de dormir et celui de lécher ses pieds, surtout la plante de ceux de devant, ce qui est assez original. On voit qu’il fait carême ; mais il ne résisterait pas à un jeûne rigoureux, s’il n’avait pris la précaution de s’engraisser solidement dans l’arrière-saison ; cette graisse lui suffit dans les temps de froidure et de repos. Après le carnaval vient la pénitence, voilà qui est fort juste.




L’homme qui est tout entier à son métier, s’il a du génie, devient un prodige ; s’il n’en a point, une application opiniâtre l’élève au-dessus de la médiocrité.

Diderot, Mélanges.




Savoir et sentir, voilà toute l’éducation.

Corinne. Madame de Stael.




Que ta vie soit douce, simple, et que ton esprit soit dans les cieux ! Imite l’alouette, qui pose humblement son nid près de la terre, sur quelques tiges de froment, et de cette modeste demeure s’élève en chantant vers le séjour de la lumière.

Auguste Lafontaine.





MOSQUÉE D’ACHMET À CONSTANTINOPLE.

Les Mosquées sont les temples des musulmans ; les tourelles élancées qui s’élèvent à côté des dômes de ces édifices religieux se nomment minarets (en arabe signal ou fanal), et c’est du haut des galeries qui forment comme les anneaux de ces doigts qui montrent le ciel, suivant une expression de Wordsworth, que cinq fois par jour, la voix grave et mélancolique du muezzin fait entendre au loin l’ezann, chant solennel qui appelle à prier Dieu, non seulement les fidèles croyans, mais toutes les nations de la terre.

Sainte-Sophie, à Constantinople, est la mosquée la plus célèbre, parce qu’elle a servi de type à toutes les autres : c’était dans l’origine une église chrétienne. Mais la mosquée du sultan Achmet Ier dont nous donnons le plan, pris à vue d’oiseau, est beaucoup plus remarquable. Ce monument, d’une magnificence merveilleuse, a été construit en 1610. Achmet était si impatient de le voir terminer, que, tous les vendredis, il travaillait lui-même avec les ouvriers. La mosquée est accompagnée de six minarets d’une extrême hauteur et d’une grande beauté ; ils sont entourés de trois galeries dans le style maure, et terminés par des aiguilles. La grande cour d’entrée est environnée d’une colonnade en marbre et en porphyre. Au milieu de la cour est une fontaine de marbre ; les portes en sont de cuivre travaillé. Intérieurement les murs sont peints à fresque ; on y voit suspendues des tables dorées où sont des inscriptions arabes. Le dôme est supporté par quatre grands pilastres cannelés et partagés dans leur milieu par une astragale ; quatre grands demi-dômes sont liés avec le dôme central, et dans les quatre coins de l’édifice il y a autant de petites coupoles ; enfin les fenêtres sont faites de verres colorés en petit compartimens très riches, qui ne laissent pénétrer dans le temple qu’une transparence mystérieuse.




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