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SI NOUS PARTIONS !…

— Qu’en penses-tu ?

— Ce sera le diable de trouver ce trésor.

— Moi, s’écria un jeune garçon exubérant, j’ai fait un pari avec papa. Il dit que le trésor est dans un endroit presque inconnu afin qu’on ait plus de peine à le trouver ; moi, je prétends qu’il est à Notre-Dame de Fourvières. Je passe mes vacances près de Lyon, chez ma grand’mère ; je connais ce pays comme ma poche… il y a une île…

— Une île ? On ne parle pas d’île dans le concours ? s’écrièrent quelques voix.

— Ah ! Ah ! bien… Mais il y a un fleuve, une cathédrale ancienne, un château en ruines.

— Dis donc, interrompit un autre… Moi, je croirais volontiers qu’il s’agit de Notre-Dame de la Garde, à Marseille.

— Oui, il y a une île,… en mer… celle où s’élève le château d’If, et puis d’autres encore. »

Les rires interrompirent les deux bavards.

« Ce n’est pas aussi simple que vous pensez, de trouver ce trésor. On donne onze points de repère, ne l’oubliez pas, dit un « grand ». Moi, je ne peux pas m’occuper de cela, mais mon jeune frère a une envie folle de faire ces recherches. Pendant le déjeuner j’y ai réfléchi et, ma foi ! ce n’est pas facile.

— C’est ce que je pense, » dit sérieusement Charles.

On entra en classe. Les conversations cessèrent et le travail commença.

Ces jeunes têtes s’exaltaient, car beaucoup se disaient comme Charles qu’entrer en possession d’un trésor était une belle perspective. Charles eut des distractions. Il avait laissé chez lui le Coq gaulois, mais il avait copié les onze points du Concours, et il les relisait sans cesse tout en se disant que lui ne pourrait faire ces recherches que de Versailles, assis devant sa table de travail. Et cette idée d’être ainsi immobilisé lui faisait pousser de gros soupirs.

Arthur lui avait jeté de loin un vigoureux bonjour. Pendant la classe, il parvint à lui faire passer un bout de papier sur lequel il avait inscrit ces mots : « Attends-moi à la sortie. Nous irons dans le parc. J’ai à te parler. Arthur. »

À quatre heures, le temps était meilleur, bien qu’il plût encore un peu. Les deux amis, toujours couverts de leurs capuchons, traversèrent la place d’Armes et le Château.

« Allons sur la terrasse de l’Orangerie, veux-tu ? proposa Charles.

— Oui, » répondit laconiquement Arthur toujours silencieux.

Lorsqu’ils furent près de la balustrade, Arthur jeta un coup d’œil autour de lui. Ils étaient complètement seuls. Charles regardait les bois de Satory, enveloppés d’une légère brume, la pièce d’eau des Suisses sur laquelle le vent traçait de gracieux sillons, la noble façade du château et les rangées de magnifiques arbres jetant leur ombrage sur les allées qu’avaient parcourues Condé, Turenne et le Grand Roi. Puis, ses regards s’arrêtèrent sur la figure amusante d’Arthur dont l’enjouement faisait contraste à toute cette grandeur.


la vieille brigitte ouvrit la porte.

« Nous sommes seuls, personne ne peut nous entendre, écoute-moi ! papa