Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/26

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
24
LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

— Le grand Toupie ! admirable ! s’écria Colette en applaudissant.

— Seulement, inutile de compter sur moi pour étudier le programme du concours ; je veux bien aller avec toi, m’occuper des logis, des transports ; quant à chercher à appliquer les onze points du concours, ça, non ! »


colette fit elle-même sa valise

Paul était un garçon qui avait fait de très bonnes études, mais la vie au grand air, les courses dans la Camargue l’enthousiasmaient par-dessus tout, et sa vie intellectuelle se bornait à la lecture d’un journal, où il recherchait de préférence les articles politiques.

« Ah ! s’écria Colette, on n’a pas besoin de toi : Mlle Marlvin, qui sait tout, nous dirigera…

— Mais je ne connais pas toute la France, je ne…

— Ta ! ta ! ta ! mademoiselle, vous dites ça ; seulement, lorsque vous me donnez mes leçons, vous prétendez…

— Colette, sois polie ! interrompit Mme Dambert.

— Je suis polie ! s’écria la fillette en devenant rouge comme une cerise. Mademoiselle ne veut pas partir avec moi… eh bien ! je partirai seule… avec Paul… Papa, je prendrai l’auto découverte. Dis, papa ? Tu veux bien ?

— Mon enfant, je consentirai à tout ce qui sera raisonnable ; seulement, je suis comme ta maman, comme Mlle Marlvin,… je te poserai des conditions.

— Quelles conditions ?

— D’abord il faut que tu saches bien vers quel endroit tu dois te diriger. Puis, Mlle Marlvin ne te quittera pas, à moins que ta maman…

— Oh ! voyager en auto… je déteste ce mode de locomotion, dit Mme Dambert.

— Et il sera convenu que Paul vous accompagnera.

— Eh bien : Primo, je saurai d’ici demain où diriger mes pas n’est-ce pas, mademoiselle ? Secundo : Mlle Marlvin viendra avec moi. Tertio : Quant à Paul… ? »

La fillette se tourna vers son frère d’une manière interrogative,

« Je veux bien faire une randonnée en auto, à condition que nous ne nous absentions pas trop longtemps, car je ne peux pas abandonner papa en plein travail et puis… mes chevaux, qu’est-qu’ils deviendraient, si je ne les montais plus ?…

— Oui ! Oui ! Entendu ! Nous partons demain, s’écria la fillette enthousiasmée.

— Ça, mon petit poulet, dit Paul, impossible. Le plus tôt que je puisse partir sera le 1er juillet.

— Oh ! là ! là ! Attendre aussi longtemps ! dit Colette d’un ton désespéré.

— Console-toi : vous emploierez ces semaines, Mlle Marlvin et toi, à travailler, à l’aide des livres indispensables, sur les données du concours : comme ça, tu seras plus sûre de ne pas prendre une fausse direction et tu auras plus de chance de réussir.

— Tu crois ?

— Sois-en sûre ! D’abord, lorsqu’on entreprend quelque chose, il faut toujours se dire que l’on réussira. Sur ce, bonsoir. Prépare ton expédition. »

En disant ces mots, Paul se leva, alluma une cigarette et sortit en chantant l’air de « Malborough s’en va-t-en guerre ».

« Où irons-nous ? demanda Colette à son institutrice. Où se trouvent réalisées toutes les conditions du concours de M. Toupie ?

— Comment voulez-vous que je réponde à tant de questions à la fois ? »

Mlle Marlvin avait pris un ton un