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UNE RIVALE

connaissons déjà ainsi que les onze conditions du concours.

Colette avait écouté attentivement.

« Papa ! Papa ! s’écria-t-elle, je veux chercher le trésor de M. Toupie… Je veux chercher le trésor de M. Toupie ! »

La figure de Mlle Marlvin prit une expression consternée. Quelle mauvaise inspiration avait-elle eue de parler de ce concours ? Sans elle, personne sans doute n’en aurait eu connaissance. Si Colette se mettait dans la tête d’entreprendre la recherche du trésor, rien ne la retiendrait, et elle partirait ! Inutile maintenant d’opposer une objection.

Mme Dambert, aussi interdite que Mlle Marlvin, regardait l’institutrice d’un air navré.

« Mais, ma chérie, dit M. Dambert, qui partageait les mêmes appréhensions que sa femme, ce concours est réservé aux garçons ; tu n’as pas écouté : « M. Toupie a déposé la somme de 50 000 francs qu’un garçon, âgé de moins de quatorze ans, devra découvrir. » Tu vois, il n’y a rien là pour toi.

— Rien pour toi, ajouta Mme Dambert, en poussant un soupir de satisfaction.

— Rien pour vous, répéta Mlle Marlvin, comme soulagée d’un grand poids.

— Rien pour moi !… rien pour moi ! répéta Colette en tapant du pied… Il est idiot, M. Toupie, idiot… Mais (ici, un sourire de triomphe éclaira le visage de la fillette), pourquoi ne le chercherais-je pas tout de même… en compagnie d’un garçon… non, toute seule… et si je le trouvais, je dirais à M. Toupie : « Voilà, j’ai mis la main sur le trésor, avant tous les garçons. N’y ai-je pas droit ? »

— Mais il te refusera le trésor, voyons. Un concours, c’est un concours, et les conditions données sont immuables.

— Eh bien, je triompherai pour l’honneur !

— Bravo ! bravo ! petite sœur ! Voilà qui est chic ! » s’écria Paul, rempli d’admiration.

Lorsque Colette émettait une idée aventureuse, ou même parfaitement saugrenue, il se trouvait toujours un membre de la famille pour l’approuver, de sorte que la fillette était assurée de triompher.

« Alors, cher petit papa, s’écria Colette, en reprenant sa place sur les genoux de M. Dambert, c’est entendu, je cherche le trésor de M. Toupie ?

— Mais où ? Comment ? Quand ?

— Dans toute la France. Comment ? En automobile. Quand ? Tout de suite… Ne dis pas non, ne dis pas non… je pars demain, je…


mlle marlvin ne semblait pas très contente.

— Voyons, Colette, interrompit Mme Dambert, sois raisonnable. Admettons que nous consentions à te laisser concourir, prends le temps de réfléchir. Tu parles comme une étourdie… que tu es…

— Oh ! maman, tu peux venir avec moi. Je serais bien contente si tu m’accompagnais. Je n’ai jamais voyagé. Je ne connais rien, en dehors d’Arles et de la Camargue. Je m’instruirai. Mlle Marlvin répète assez souvent que je suis une ignorante. Eh bien ! en voilà une occasion de m’instruire !

— Colette a raison, dit encore Paul. Mais c’est moi qui m’offre pour l’accompagner… pas longtemps, parce que j’ai beaucoup de travail ici, Après tout, ce n’est pas si bête que ça d’aller chercher ce trésor.

— Oh ! Tu vois, papa. Paul, qui est si raisonnable, pense que mon idée n’est pas du tout folle. »

Colette riait en se frottant les mains. Elle secouait sa tête, tout en envoyant des coups d’œil ironiques à Mlle Marlvin.

« Allons, continua le grand frère, passe-moi le journal, que je lise ce que dit le grand Toupie !