Colette se jeta au cou de sa mère et lui donna de nombreux baisers retentissants, en l’appelant sa petite maman chérie, car elle était très émue à la pensée de la quitter. Puis, ce fut le tour de son papa. Celui-ci tirait ses courtes moustaches comme lorsqu’il était un peu triste.
Colette portait une robe de laine beige : elle avait jeté son manteau dans l’intérieur de la voiture, mais sa maman la supplia pour qu’elle l’endossât, ce qu’elle fit, ne voulant pas causer à cette mère qu’elle aimait tendrement la moindre peine, au moment du départ ; mais, comme Paul, elle resta la tête découverte, afin de recevoir l’air pur sur le visage.
Colette monta à côté de son frère : Mlle Marlvin s’assit au fond de la voiture. Le domestique mit en marche le moteur.
Paul s’écria :
« En avant ! » et l’on partit à très grande allure. Colette agita son mouchoir pendant un long moment.
On passa devant la promenade des Alyscamps et Paul s’engagea sur la grande route de Lyon où les voyageurs devaient déjeuner entre midi et une heure, si aucune panne ne se produisait.
onnais-tu le Mont Dol ?
demanda un matin Charles à son
ami Arthur.
— Non, pas du tout. Où est-il, ce Mont Dol ?
— En Bretagne, près de la baie du Mont Saint-Michel.
— Tu as trouvé ça hier ?
— Oui. Chez ton père il y a un magnifique livre sur la Bretagne, avec beaucoup de photographies ; je l’ai lu entièrement. Et j’ai appris qu’au Mont Dol, près de Dol, il y avait une statue de la Vierge.
— Alors tu crois qu’il est là… le trésor de M. Toupie ? demanda Arthur un peu incrédule.
— Je n’en sais rien du tout. Mais il faut une statue de la Vierge. En voilà une… Bon. Je vois, d’après le Guide Bleu de Bretagne, que c’est un pays qui a une vieille église. Bon ! de vieilles maisons…
— Bon ! dit Arthur en imitant Charles.
— Oui, bon ! Alors je poursuis mon étude et je constate que beaucoup de choses répondent aux conditions du concours ; je conclus donc qu’il faut aller en Bretagne… Suis sur le programme du concours. La montagne de Dol était consacrée aux druides. Or le point 2 parle d’un lieu historique. Il s’y trouve une statue de la Vierge sur une tour. Or, le point 3…
— Le point 3 fait allusion à une statue sur un rocher et non sur une tour. Alors ?
— Oui, évidemment. Seulement, cette tour peut elle-même être construite sur un rocher. Tout cela est à voir.
— Continue, prononça gravement Arthur.
— La ville de Dol a été construite par une colonie de Bretons venus d’Angleterre et amenés par saint Samson en 548… Hein ! je pense que c’est vieux ?
« De Dol, on a une vue magnifique sur la terre et la mer. Ceci concerne le point 4.
— Mais vois-tu des arbres, des rochers, un lac ?
— Nous le saurons lorsque nous y serons.
— Bravo ! Continue…
— Dol possède une cathédrale du xiiie siècle, de style gothique. »
Arthur, tenant à la main la feuille sur laquelle sont inscrits les « points » du concours, dit :
« Point 5. Parfait.
— Vieilles maisons remontant au xiiie siècle, arceaux romans.
— Point 8. Reparfait.
— Je ne te signale pas tous les détails intéressants que j’ai appris. Bref, mon avis, c’est qu’il faut commencer par aller à Dol.
— Allons à Dol ! s’écria Arthur. N’est-ce pas là que se trouvent des marais curieux ?…
— Oui. Il existait entre Dol et la baie Saint-Michel quinze mille hectares de marécages que la mer a engloutis vers le vie ou viie siècle. Plus tard on construisit des digues. Le