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Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/40

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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

de son frère qu’elle voulait faire brûler un cierge.

Paul lui tendit de l’argent et la fillette acheta un superbe cierge à une vieille marchande. Elle l’alluma et le planta sur une des pointes de fer d’un candélabre. Pour cela, Colette dut se hisser sur la pointe des pieds, car elle n’était pas très grande. Quand elle revint vers son frère qui la regardait amusé et plein d’admiration pour sa gentillesse, il lui demanda à voix basse :

« Pour qui as-tu mis ce cierge ?

— Pour maman, papa… et toi. »

Alors le grand frère se pencha encore un peu plus et embrassa tendrement sa petite sœur.

Le soir, quand Mlle Marlvin objecta qu’au lieu d’aller au cinéma, il serait bien préférable de se coucher, Colette déclara que le voyage devait être un amusement et non un devoir.

Elle vit un grand film où des cowboys accomplissaient des exploits merveilleux. « Tout à fait comme toi, » dit-elle à son frère.

Le lendemain matin, à neuf heures, les voyageurs montèrent en automobile et prirent la route qui traverse les monts du Lyonnais. On déjeuna à Roanne, puis on continua. Colette demandait toujours à aller aussi vite, mais on céda aux sages et prudentes observations de Mlle Marlvin, et l’allure fut sensiblement ralentie.

Le soir, à sept heures, un pneu creva ; on était près d’un village, et les voyageurs purent y arriver sans trop de difficultés. Paul déclara qu’il était préférable de coucher là, car, avant qu’il eût pu réparer son pneu, il ferait nuit.

Naturellement Mlle Marlvin approuva. Colette parut contente parce qu’elle trouvait tout à fait drôle de passer une nuit dans une auberge de campagne.

Il n’y avait dans le pays qu’un cabaret misérable où l’on donnait à boire aux paysans, mais qui ne possédait aucune chambre. Mlle Marlvin était très embarrassée et elle proposa d’entrer dans une maison de paysan pour demander l’hospitalité d’une nuit. Mais Paul préféra coucher dans l’auto. Au moins on ne risquait pas d’être dans des lits malpropres, avec des gens plus ou moins empressés ou même peu honnêtes. Mlle Marlvin accepta et Colette battit des mains, enchantée de cette première aventure.

Paul arrangea les coussins le plus confortablement qu’il put, et Mlle Marlvin et Colette s’y étendirent. Paul mit sur elles toutes les couvertures, les manteaux, les plaids, car, malgré la grande chaleur du four, les nuits étaient fraîches. Quant à lui, il se roula dans une couverture et s’endormit profondément sur le devant de la voiture. Colette se blottit auprès de son institutrice, qui, seule, ne ferma pas l’œil de la nuit.

De grand matin, le bruit des paysans qui passaient sur la route, des animaux qui allaient et venaient, réveillèrent les voyageurs. Paul se secoua et courut à l’auberge où il demanda qu’on leur servît du café au lait très chaud pour les réconforter. Colette, aussi reposée que si elle sortait de son lit, suivit son frère et s’intéressa énormément à la confection du café.


l’automobile jaune filait à toute allure.


On le but et l’on se remit en route, pour atteindre Nevers où Paul décida de séjourner deux jours afin de réparer complètement son pneu, de se reposer et dormir confortablement.

On profita de ces deux journées pour visiter le pays. Colette, infatigable, riait beaucoup de Mlle Marlvin qui se