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COLETTE DÈVORE LES KILOMÈTRES

couchait aussitôt rentrée à l’hôtel. Elle et son frère entraient dans les pâtisseries, mangeaient des gâteaux, prenaient du chocolat, tout en écrivant des cartes postales à M. et Mme Dambert.


colette se hissa sur la pointe des pieds.


Tout était pour le mieux ; le ciel continuait à être radieux et jusqu’à présent on n’avait couché qu’une nuit à la belle étoile, ce qui avait été un imprévu inoubliable. Ce voyage enthousiasmait Colette, qui trouvait tout bon et tout beau, et Paul, comme elle, était de belle humeur.

Après Bourges, l’automobile jaune traversa le Berry, la Touraine. Une petite panne, sans grande importance, se produisit. Mais elle empêcha cependant les voyageurs d’arriver à Tours avant minuit. Il fallut chercher un hôtel qui voulût bien les recevoir. Paul avait télégraphié la veille de Bourges pour retenir des chambres, mais la dépêche s’était égarée et les voyageurs faillirent encore une fois être obligés de coucher dans la rue. Le lendemain on était à Angers et le surlendemain, on partait de cette ville pour Vannes.

Au moment de franchir les limites qui séparent le Maine-et-Loire de la Loire-Inférieure, c’est-à-dire de la Bretagne, Paul arrêta la voiture devant un poteau indicateur en s’écriant :

« Petite sœur, nous voilà en Bretagne ! Es-tu contente ? »

À la fin de l’après-midi, l’auto pénétrait dans Vannes.

« Nous ne sommes pas loin d’Auray, dit Mlle Marlvin ; je suis d’avis que nous nous dirigions de ce côté.

— Mais notre quartier général sera Vannes pour l’instant, » décida Paul, à qui l’idée d’aller s’enterrer dans une toute petite ville ne souriait guère.

Les voyageurs s’installèrent dans un hôtel qu’on leur avait recommandé et qui se trouvait non loin de la cathédrale Saint-Pierre.

Le temps s’était assombri et, quand Colette se leva le lendemain matin, elle vit une pluie torrentielle s’abattre sur la ville.

Le ciel était gris et bas : abritée derrière une fenêtre à petits carreaux de la salle à manger de l’hôtel, Colette regardait l’eau tomber en cataractes sur les toits, déborder de toutes les gouttières pour venir grossir les ruisseaux de la chaussée. Comme on se sentait loin de la Camargue éblouissante de lumière !

Et Colette pensa que ce premier jour passé en Bretagne était bien triste. Paul, qui ne pouvait rester en repos, lui proposa de parcourir les vieilles rues de Vannes. La fillette, charmée d’être tirée de son inaction, sauta sur sa pèlerine de caoutchouc, la mit en rabattant le capuchon sur sa tête, et les voilà partis tous deux, marchant avec peine sur les petits cailloux pointus qui pavent les rues de la ville. Quand ils eurent vu toutes les pittoresques maisons de la place Henri-IV, de la rue des Orfèvres, de la rue Noë et des autres voies qui avoisinent Saint-Pierre, les vestiges des anciens remparts, l’église Saint-Patern, le temps s’était un peu éclairci, les nuages fuyaient au loin ; Paul entraîna sa sœur aux environs de la ville, sur la route de Sené.

Au cours de leur promenade, un garde champêtre s’approcha de Paul et lui demanda ses papiers. Colette s’amusa