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Page:Magdeleine du Genestoux Le trésor de Mr. Toupie - 1924.djvu/50

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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

serons de retour dans une heure au plus… Y a-t-il un médecin dans les environs ? » continua Charles en s’adressant à l’hôtelier.

— Oui, il y en a un dans la maison voisine. Quand vous serez revenus, on ira le prévenir. »


« où suis-je ? » demanda charles en se
réveillant.

La voiture, conduite par le garçon de l’hôtel qui avait mis sur ses épaules une grande pèlerine et sur sa tête une casquette de livrée s’avança devant la porte. Charles monta sur le siège avec lui, pour lui indiquer, non pas le chemin, mais l’endroit où attendaient les blessés.

Il donna un pourboire au cocher. Celui-ci, enchanté, fouetta son cheval et la voiture s’engagea sur la route de Saint-Malo. Tout en conduisant, le garçon fit la conversation avec Charles qui apprit que le pays, depuis une quinzaine de jours, était très visité par de jeunes garçons qui allaient et venaient dans toutes les directions, aux environs de Dol.

« Il en vient plus que les autres années ?

— Eh oui ! on ne sait pas pourquoi.

— Parce que le pays est beau, dit Charles qui ne voulait pas parler du concours de M. Toupie.

— Eh oui ! il est beau. Mais il y fait joliment sombre ce soir… »

Charles avait demandé une lanterne supplémentaire, de façon à en projeter la lumière à droite et à gauche sur la route.

Lorsque la voiture atteignit la borne précédant celle à laquelle s’était accrochée la carriole conduite par Procope, Charles fit mettre le cheval au pas. Puis il cria de temps en temps :

« M. Procope ! M. Procope ! »

Mais le plus profond silence régnait autour d’eux.

Ils continuèrent à avancer. La borne ! Voilà la borne ! Charles avait noté ce qui y était marqué : 3 km. 500 de Dol. Personne…

« M. Procope ! M. Procope !

— M. Pro… co… pe ! » cria d’une voix formidable le cocher.

Toujours le même silence.

« J’ai la berlue ! Il y en avait un d’évanoui… un autre avait la jambe cassée… Impossible qu’ils aient pu fuir ! »

La voiture s’arrêta. Charles descendit, le cocher aussi, mais il n’abandonna pas la bride de son cheval. Charles, sa lanterne à la main, parcourut la route, descendit dans les fossés. Sur l’herbe foulée, il ramassa un débris de la voiture, un morceau de cuir du harnachement et, un peu à l’écart, le fouet.

Plongé dans une sorte d’ahurissement, il ne prononçait pas un mot.

« Eh bien, en v’là une histoire ! s’écria le cocher… M’est avis que c’étaient des gens louches… peut-être qui fuyaient les gendarmes… M’est avis qu’on pourrait s’en retourner.

— Évidemment, il n’y a que cela à faire. »

Charles éleva encore sa lanterne pour voir plus loin. La bruyère tremblait légèrement sous la brise venue de la mer. Il remonta à côté du cocher qui ne semblait pas très rassuré et qui mit son cheval au grand trot pour s’éloigner au plus vite de cet endroit où s’était passé un événement si mystérieux. Lorsqu’ils aperçurent les lumières de Dol, sa figure perdit son expression d’épouvante et il demanda à Charles :

« Vous êtes sûr de les avoir vus, ces voyageurs ?

— Mais oui, s’écria Charles, mon camarade aussi. Croyez-vous donc que ce soient des revenants ?

— Chut ! Taisez-vous ! dit le Breton en se signant ; faut pas parler de ça près du Champ-Dolent.

— Pourquoi ? dit Charles, dont la