colette sauta sur la bicyclette de charles.
Paul se mit en marche à grandes enjambées et il disparut bientôt derrière un coude de la route.
Mlle Marlvin tournait sur elle-même, allait de droite à gauche, son mouchoir en lambeaux, son voile foulé aux pieds. Elle ne regardait plus dans la direction de Saint-Savin, mais au contraire du côté d’Argelès.
Charles ne comprit son intention qu’à la vue d’un nuage de poussière qui s’éleva au loin : Mlle Marlvin se mit au milieu de la route en agitant une grande écharpe blanche qu’elle avait prise dans la voiture.
L’automobile — une voiturette — était lancée à grande vitesse. Pourtant deux jeunes gens qui s’y trouvaient, ayant vu le geste de Mlle Marlvin, l’arrêtèrent et commencèrent par prononcer quelques paroles désagréables, parce qu’ils avaient failli écraser l’institutrice.
« Eh ! que voulez-vous ? Si c’est pour remorquer votre automobile, c’est bien inutile. Nous sommes pressés.
— Ce n’est pas pour l’automobile, c’est pour moi.
— Pour vous !
— Mais oui ; conduisez-moi jusqu’à Saint-Savin, je vous en supplie. Je suis dans une inquiétude…
— Elle a l’air un peu drôle, la dame, » dit le conducteur de la voiturette à son camarade.
Charles jugea bon d’intervenir.
« Messieurs, je vous prie instamment de conduire cette dame à Saint-Savin ; vous ferez un acte charitable. En chemin, elle vous expliquera dans quelle angoisse elle se trouve et vous comprendrez. »
Charles avait pris un air grave qui fit sans doute impression sur les automobilistes, car ils répondirent :
« C’est bon… mais nous serons serrés. »
Mile Marlvin saisit la main de celui qui conduisait en s’écriant :
« Oh ! merci ! merci. »
La voiturette ne contenait que deux places ; mais un des jeunes gens s’assit sur le marche-pied, Mile Marlvin sauta sur le siège avec une vivacité dont on ne l’aurait pas crue capable, et, tandis que l’automobile démarrait, elle cria à Charles :
Attendez-moi ici… Je…