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COLETTE ET ARTHUR SE FONT DES CONFIDENCES

« Cette pauvre dame ! Ces enfants dénaturés ! Cet étourdi de Peninou, etc., etc… »

Paul, n’écoutant rien, saisit Mlle Marlvin par un bras, l’automobiliste la prit par l’autre, ils la transportèrent dans une pharmacie qui se trouvait là, tandis qu’Arthur et Colette, émus et confus, les suivaient, portant le sac, l’ombrelle, l’écharpe de la pauvre institutrice.

On fit de nouveau respirer des sels à Mlle Marlvin, qui reprit peu à peu ses sens. Lorsque Paul vit qu’elle revenait à elle, il s’enquit d’un hôtel. À ce moment, on l’avertit que l’automobile qu’il avait commandée était prête.

« D’abord, déclara Paul à Arthur et à Colette, je vais vous installer à l’hôtel, vous mettre dans une chambre et fermer la porte à double tour, car, à mon retour, vous auriez encore disparu…

— Oh ! monsieur, s’écria Arthur, laissez-moi aller avec vous auprès de Charles, car…

— Non, non ! Jamais de la vie. Vous avez été un petit étourdi, je vous condamne à rester avec ma sœur et Mlle Marlvin. Puis il ajouta, pour adoucir sa sévérité : « Il faut veiller sur ces dames. »

Arthur était très vexé, et son esprit était plein de remords quand il pensait à Charles.

Cinq minutes après, Paul avait installé tout son monde, Mlle Marlvin se coucha. Quant à Colette et Arthur, ils reçurent l’ordre de Paul de ne quitter l’hôtel sous aucun prétexte.

« Sous aucun prétexte ! » cria-t-il tandis qu’il montait dans l’automobile.

Celle-ci démarra et s’éloigna…

Pauvre Charles ! Quelles angoisses n’avait-il pas éprouvées pendant ces longues heures d’attente ! Mille suppositions avaient traversé son esprit, depuis l’idée d’un accident arrivé à Colette, à Arthur ou aux autres voyageurs, jusqu’à celle de l’abandon de son ami !

Il avait un caractère courageux, mais la solitude au milieu de ces montagnes que le soir commençait à assombrir l’impressionnait. Un sentiment de détresse lui serrait le cœur. Le bruit du gave lui paraissait assourdissant, et faisait contraste avec le silence de la route sur laquelle ne passait plus personne.

« Ah ! mon cher Toupie, que ton trésor est dur à conquérir ! »

Mais jamais il ne lui vint à l’idée d’abandonner l’automobile pour monter à pied à Saint-Savin. Ne lui en avait-on pas confié la garde ?

Tout à coup, il entendit un grondement d’automobile ; il se dressa et écouta, mais le grondement cessa, puis de nouveau se fit entendre. Enfin, il n’eut plus de doute, une automobile arrivait. Bientôt elle apparut : c’était celle qui amenait Paul de Saint-Savin. À la vue de Charles, Paul s’écria :


mlle marlvin avait fait arrêter une
automobile qui passait.

« Tout le monde sain et sauf ! »

Paul, comprenant que le jeune garçon avait passé quelques heures de pénible attente, lui serra la main avec force, tout en lui racontant en riant les exploits d’Arthur et de Colette.

Pendant qu’ils parlaient, le jeune homme, aidé du chauffeur, attachait la voiture abîmée à l’autre automobile, puis il donna le signal du départ et l’on se mit en route pour Saint-Savin…

La nuit ne fut pas suffisante pour réparer les forces de tous les voyageurs, et ce fut seulement le lendemain, vers midi, qu’ils se retrouvèrent, autour