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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

— Ma Providence ! » dit Charles très vite, ce qui fit rougir Arthur.

Charles avait déjà raconté à Colette et à son frère que c’était grâce à M. Treillard qu’il avait pu se mettre à la recherche du trésor. Ce récit avait fait grande impression sur la fillette. Aurait-elle eu jamais l’idée de venir ainsi en aide à un ami ? Mais, avec sa légèreté habituelle, elle s’était dit :

« C’est que, moi, je n’ai jamais eu un ami comme Charles, ni une amie comme Élisabeth. »

Nos trois voyageurs, qui s’étaient si bien promis de se rendre dès huit heures du matin chez Élisabeth, ne se réveillèrent qu’à neuf heures passées ! Mlle Marlvin les avait laissés tranquillement dormir dans leurs chambres, se félicitant de pouvoir jouir de cette matinée de repos.

Paul, infatigable et vaillant, était sorti de l’hôtel à neuf heures en se frottant les mains mystérieusement.

Donc, vers dix heures, Colette se dressa sur son lit en se frottant les yeux. Elle regarda sa montre, et s’écria d’une voix furieuse :

« Oh ! mademoiselle Marlvin, pourquoi ne m’avez-vous pas réveillée ? »

Mais Mlle Marlvin n’était plus là ! La fillette sauta à terre et courut frapper à la porte verrouillée, qui donnait dans la chambre des garçons.

« Charles,… Arthur,… êtes-vous là ?… Entendez-vous ?


tout le contenu de la malle fut bientôt sur le parquet.

— Oui, répondirent des voix, de l’autre côté de la porte. Oui, nous nous réveillons… Dépêchons-nous de nous habiller…

— Oui… Bon…

Colette se jeta sur a sonnette, pour appeler la femme de chambre. Celle-ci lui annonça que Mlle Marlvin était sortie avec M. Paul Darmbert. Colette ouvrit sa malle dont elle éparpilla le contenu à travers la pièce. Une robe par-ci, une autre par-là, une chaussure jaune… et puis une noire, une paire de bas… des gants… Cette robe-ci, cette robe-là… Tout fut bientôt hors de la malle.

Une fois que Colette eut choisi son costume de l’après-midi, — elle voulait être belle pour sa première visite à Élisabeth, — elle commença sa toilette ; mais, comme elle n’était pas habituée à la faire seule, cela n’alla pas tout seul.

Pourtant elle en vint à bout : lorsqu’elle n’eut plus qu’une dernière agrafe à attacher à sa robe, on frappa à la porte :

« Toc, toc, toc.

— Qui est là ?

— Moi, répondit la voix de Paul, moi, avec une surprise.

— Entre… entre donc, » répondit Colette d’un ton légèrement impatienté.

Paul ouvrit la porte. Il s’effaça pour laisser entrer… une fillette aux longs cheveux blonds.

« Voilà, dit le grand frère ; je t’amène Élisabeth Tourneur, que tu désirais tant connaître. »

Colette demeura stupéfaite pendant quelques instants.

Elle s’était représenté à sa manière l’amie de Charles, et elle se trouvait en face d’une jeune fille de sa taille, vêtue d’une jolie robe de mousseline blanche et bleue, coiffée avec goût sous un chapeau de paille orné d’une couronne de petites roses pompon et qui souriait gentiment en s’approchant d’elle.

Colette fronça les sourcils. Que Paul était donc taquin ! C’était elle qui voulait faire une surprise à Élisabeth et voilà que les rôles étaient renversés. Colette suivit des yeux le regard d’Élisabeth ; et soudain elle eut honte