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ARTHUR FAIT ENCORE DES SIENNES

Le trajet sur la grande route n’avait pas été très agréable, mais maintenant, bien que le chemin montât, on ne respirait plus de poussière et le soleil ne tombait pas en plein sur les épaules des voyageurs. Une rangée d’arbres, dont le vent agitait légèrement les feuilles, donnait un peu de fraîcheur.


arthur avait mangé les gâteaux avec appétit.

Charles descendit de sa bicyclette et, adossé à un arbre, il regarda la carte. Arthur, lui, s’assit par terre.

« Là ! là ! que j’ai chaud… après un déjeuner pareil… et cette farceuse de Colette qui nous abandonne… »

Mais Charles ne l’écoutait pas.

« Oh ! mais curieux, ça ! Je vois qu’il y a un lac dans la région, le lac du Bouchet…

— Tu as besoin d’un lac ? demanda négligemment Arthur en mâchonnant un brin d’herbe.

— Je t’en prie, pense un peu au concours, mon ami.

— Mais je ne fais que ça.

— Pense surtout au point 4 : « En un endroit d’où la vue s’étend sur un lac, etc… » C’est à déjeuner que l’idée de ce lac m’est revenue à l’esprit ; je l’avais complètement oublié.

— Tu vois, on oublie toujours quelque chose,

— Ce que tu deviens philosophe ! s’écria Charles un peu moqueur.

— Oh ! tu sais, je suis résigné maintenant ; je pense que nous ne trouverons pas le trésor… parce que tout le monde nous lâche peu à peu… et puis, vraiment, il fait trop chaud !

— Eh bien ! moi, au contraire, je suis rempli d’espoir et je file…

— Hé là ! Hé là ! Attends un peu, » cria Arthur en remontant sur sa machine et en essayant de rattraper son camarade.

Ils furent bientôt sur le plateau de Polignac d’où la vue s’étend au loin sur la ville du Puy d’un côté et sur les monts d’Auvergne de l’autre. Les deux pics rocheux qui se dressent au milieu du Puy se détachaient nettement au-dessus des maisons.

« C’est beau ici ! Est-ce que tu aimes mieux la Bretagne ? demanda Arthur.

— Ce n’est pas la même chose.

— Moi, je pense qu’en Bretagne notre voyage n’a pas été aussi amusant que dans les Pyrénées où ici… »

Charles se mit à rire :

« Peut-être bien ; mais en Bretagne nous avons fait la connaissance de Procope… que nous reverrons peut-être… »

Les deux amis atteignaient les ruines du château de Polignac, dont, il ne reste que des murailles ébréchées et un énorme donjon carré. Ils se penchèrent sur le puits, fameux dans le pays, creusé au milieu des ruines, l’Abîme, profond de quatre-vingts mètres, et y jetèrent une pierre qui mit de longues secondes avant de faire : plouf ! dans l’eau. Puis ils s’assirent à l’ombre et regardèrent autour d’eux.

« Nous sommes en face de la cathédrale du Puy, dit Charles… Non loin d’un château en ruines.

— Nous sommes assis dessus.

— Nous voyons des rochers, une rivière, deux même, la Borme et le Dolézon, mais pas de lac ! Donc, ce n’est pas ici la cachette du trésor. Mais nous allons poursuivre notre exploration. Je voudrais aller du côté de ce lac du Bouchet que j’ai remarqué sur la carte ; de là, nous reviendrons au Puy.

— Oh ! moi qui croyais que nous prendrions le même chemin pour le retour ! s’écria Arthur consterné. Alors j’ai laissé dans un trou, sous une touffe