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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

d’herbe, un petit paquet de gâteaux que Colette m’a remis au moment de partir… Tu comprends, j’avais assez de me trimballer moi-même…

— Mon Dieu ! que tu es contrariant avec tes inventions ! s’écria Charles mécontent. Voilà une excursion incomplète et manquée. Nous n’arriverons jamais à aucun résultat.

— Ne te fâche pas, je t’en prie mon vieux. En effet, j’embrouille toujours tes plans… Mais c’est très simple : je vais revenir tout seul et toi tu feras ton exploration comme tu l’as projetée.

— Ça, non ! pour que je passe la nuit à te rechercher !

— Tu me froisses, mon cher, par ton manque de confiance. Écoute, je vais te prouver que tu as tort. Je te promets d’être à sept heures au Puy ; je te jure de ne pas me laisser entraîner par qui que ce soit… Tu entends ; donc pars tranquille. Je n’ai qu’un regret : c’est que tu ne mangeras pas de gâteaux.

— Cela n’a aucune importance, s’écria Charles en riant ; mange ma part, mais sois à l’heure. »

Les deux chercheurs de trésor descendirent un chemin rocailleux en tenant leurs bicyclettes à la main. Puis Arthur, qui rebroussait chemin, se sépara de Charles. Arrivé sur le chemin ombragé, il agita son mouchoir. Charles, qui s’était lui aussi retourné, lui répondit par un geste d’adieu, avant de s’éloigner rapidement, un peu préoccupé pourtant de laisser son ami partir seul.

Quelques instants après, Charles contournait le plateau de Polignac. Un chemin de traverse lui fit rejoindre la route du Puy à Saint-Paulien. Puis il la quitta, descendit par de petits sentiers dans la vallée de la Borme, franchit à un passage à niveau la ligne de chemin de fer qui la suit. Un pont enjambait la Borme, il s’y engagea et fut bientôt à Espaly, bâti dans un site des plus pittoresques. Le village est dominé par un énorme rocher sombre, taillé à pic, d’origine volcanique. De l’autre côté de la Borme se dressent, au flanc d’un gros massif basaltique, les curieuses « orgues » d’Espaly.

Après avoir consulté sa carte, Charles prit la route de Ceyssac. Son regard fut attiré par le vieux château en ruines qui se dresse au-dessus du village sur un rocher escarpé étrangement creusé d’excavations. Il se hâtait ; il faisait moins chaud et il était ravi de tout ce qu’il découvrait.

IL arriva, à travers un pays très accidenté, sur la route qui va du Puy à Langogne. Pousserait-il jusqu’à Cayres et plus loin, jusqu’au lac du Bouchet ? Ce dernier se trouve à dix-neuf kilomètres du Puy et à une altitude de douze cents mètres. C’était une sérieuse grimpée et il commençait à être fatigué. D’ailleurs, la journée s’avançait. De loin, il aperçut un petit village juché au-dessus d’un rocher abrupt et qui dominait une profonde vallée dans le creux de laquelle coulait le Dolézon. Il regarda sa carte ; ce village devait être Roques.


« devinez qui je viens de rencontrer ? »
s’écria arthur.

Charles aurait bien voulu se hisser jusque-là, car l’endroit était saisissant. Mais, vraiment, il se faisait tard. Il réussit à vaincre sa curiosité avide, tout en se promettant de revenir le lendemain. Ce soir, il fallait rentrer. Avant de partir,