niers rayons empourprés sur le Puy, iluminant les pierres brunes de la cathédrale.
Malgré leurs émotions, les enfants demeurèrent saisis devant la beauté de ce crépuscule.
« Allons ! descendons au Puy ! dit M. Toupie, car nous avons beaucoup de chose à faire.
— J’offre un champagne d’honneur à Charles et à Arthur, » déclara Paul tandis que les voyageurs s’entassaient dans la voiture, à l’exception de Charles qui revint sur sa bicyclette.
L’automobile s’arrêta chez Mme Saint-Paul ; elle reçut en riant toute la jeunesse qui lui annonça, non sans tumulte, le succès des recherches de Charles. Puis, Paul alla commander un dîner de gala ; M. Toupie accepta de se joindre à ses nouveaux amis ; Mme Saint-Paul resta chez elle, mais Colette avait couru chez une fleuriste et rapporta à l’aimable dame un magnifique bouquet de roses. Pendant ce temps, Charles et Arthur envoyaient à Versailles des dépêches enthousiastes.
Mais quelqu’un troubla la fête ; au moment où tous nos amis allaient se mettre à table, un domestique de l’hôtel vint annoncer qu’un inconnu désirait parler à M. Toupie. Avant même que ce dernier eût pu dire un mot, M. Procope parut derrière le domestique.
Charles et Arthur poussèrent une exclamation de surprise.
« Que voulez-vous et pourquoi venez-vous ainsi me déranger ? demanda sévèrement M. Toupie.
— M. Charles Lefrançois n’est pas le gagnant du trésor, car c’est moi qui lui ai indiqué le lieu où il se trouvait.
— Oh ! s’écrièrent tous les assistants consternés.
— Attendez, dit avec calme M. Toupie. Comment lui avez-vous indiqué où était le trésor ?
— Dans une lettre que je lui ai écrite et qu’il a lue au moment de partir pour Roques, c’est-à-dire vers deux heures et demie.
— Bien, dit tranquillement monsieur Toupie en tirant une enveloppe de sa poche. Voilà cette lettre : Charles a eu l’idée de ne pas l’ouvrir, flairant un piège… et il vient de me la remettre. Tenez, regardez, votre lettre dans son enveloppe intacte. »
M. Procope blêmit et voulut sortir.
« Non, non, S’écria M. Toupie, lisez-la vous-même… Ou plutôt non… » Il déchira l’enveloppe, en tira une feuille de papier et continua : « Voilà ce que contenait ce perfide billet :
« Cher Monsieur, le trésor de M. Toupie est près de la maison située à Roques, entre les trois peupliers et les ruines du château de Lassalme. Entrez hardiment, il est là. Quant à nous, nous partons dans une heure pour l’Amérique où nous resterons de longues années.
« Ah ! s’écria M. Toupie,
il n’a même pas eu
le courage de signer de
son propre nom !… Et
comprenez-Vous la perfidie
de cette lettre ?
Si Charles l’avait ouverte,
il ne pouvait plus
concourir.
colette entra avec
un bouquet.
— Après avoir été si près du but !
dit Arthur en frémissant.
— Allons, partez, reprit M. Toupie en s’adressant à Procope. Vous n’avez plus rien à faire ici… »
Procope, la tête basse, sortit du salon sans qu’aucun mot ne fut prononcé par l’assistance.
On se mit à table. Bientôt la gaieté revint ; on forma des projets d’avenir réalisant tout ce que chacun souhaitait dans son cœur.
Au dessert, M. Toupie prit la parole.
« Mes enfants, je vous ai déjà dit combien je suis heureux que « mon trésor » ait été trouvé par Charles Lefrancois… Ce que je veux aussi que vous sachiez, c’est ma profonde satisfaction de le voir entouré d’amis aussi dévoués et aussi généreux… J’ai à leur annoncer une bonne nouvelle. Je viens d’apprendre que M. Tourneur est nommé professeur au lycée Henri IV, à Paris.
— Oh ! quel bonheur ! ne put s’empêcher de s’écrier Élisabeth.
— Comme Charles et son frère habi-