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LE TRÉSOR DE M. TOUPIE

répète, aucun de ceux qui sont venus jusqu’ici n’a eu l’idée de monter sur le peuplier !

— Moi, je l’ai eue, grâce à Arthur ! C’est lui aussi qui…

— Oui, oui, je sais, murmura M. Toupie en hochant la tête ; oui, oui, allez, je vous connais bien.

— Vous me connaissez ?

— Eh ! oui, mon ami Eh ! oui. Je suis un vieil ami de Mme Saint-Paul… Par Élisabeth Tourneur, elle était au courant de vos recherches. J’en ai été informé, j’ai admiré votre intelligence et votre persévérance.

— Je comprends maintenant quelques sourires de Mme Saint-Paul.

— Du reste, elle me parlait de vous bien avant le concours… »

Comme M. Toupie et Charles rentraient dans la maison, la corne d’une automobile se fit entendre dans le lointain. Coin ! Coin ! Coin !

« Ca, c’est du Colette ou je ne m’y connais pas ! » s’écria Charles en se précipitant vers la porte qui donnait sur la route.

M. Toupie sortit d’un pas alerte malgré son âge. En un instant, lui et Charles furent au milieu de la route. M. Toupie agita sa canne et son mouchoir en criant :

« Arrêtez ! Arrêtet ! »

C’était en effet l’automobile jaune conduite par Colette : son frère était à côté d’elle. Elle et ses compagnons avaient fait une très grande randonnée et avaient décidé de revenir par Roques pour prendre Charles dans le cas où il y serait encore. L’automobile stoppa.
charles grimpa sur le
peuplier.
Quatre « Ah ! » stupéfaits partirent de la voiture à la vue de Charles.

« Monsieur Toupie ! » s’écria Arthur. Il sauta de la voiture et se jeta sur Charles en l’embrassant.

« Tu as le trésor ! Tu as le trésor | Voilà le plus beau jour de ma vie ! »

Et Arthur, fou de joie, ne savait comment manifester son contentement. Colette, elle, regardait M. Toupie, comme pétrifiée d’étonnement.

« C’est vous, monsieur Toupie ! »

Élisabeth restait silencieuse comme lorsqu’elle était émue fortement.

M. Toupie riait ; puis, prenant l’oreille d’Arthur :

« Voilà un camarade, un ami, comme j’en ai rarement rencontré dans ma longue existence. »

Arthur devint cramoisi en entendant cet éloge. Dans leur émotion, les enfants se tenaient debout, immobiles autour de M. Toupie. Charles raconta rapidement comment il avait découvert le lieu de la cachette. Il proposa d’envoyer une dépêche à son frère Louis et une autre à M. et Mme Treillard ; Arthur était d’avis qu’il fallait télégraphier au Coq gaulois. Colette déclara qu’elle voulait visiter la maisonnette de M. Toupie ; quant à Paul, il souriait, heureux de contempler le vieux monsieur auteur de tant de bonheur.

Ce dernier fit entrer les voyageurs dans sa demeure. C’était une ancienne ferme qu’il avait modifiée entièrement à l’intérieur. On ne voyait, de la route, qu’une étroite façade, mais elle possédait une aile, dissimulée par un mur et des arbres, devant laquelle s’étendait une grande prairie, De là, on avait une vue magnifique sur le Puy.

« Voilà, mes enfants, dit M. Toupie, une maison qui vous réunira chaque année, si vous le voulez bien. L’habitation est assez vaste pour contenir beaucoup d’enfants et je serais si heureux que de la jeunesse vînt entourer mes vieux ans !

— Oui, oui, monsieur Toupie ! Nous viendrons chaque année près de vous. Quel bonheur ! »

Après ce débordement de joie, on songea à prendre le chemin du retour ; sur le seuil de la porte, Élisabeth s’arrêta en s’écriant :

« Regardez comme c’est beau ! »

Au loin, le soleil envoyait ses der-