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Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/13

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au commencement de l’année, entre autres, le Druide allait cruper solennelement avec une faucille d’or le gui sacré qui poussait sur les vieux chênes. Un autre Druide le recevait sur une toile blanche ; car il ne fallait pas que ce feuillage sacré tombât la terre. Les Gaulois annonçaient cette fête par un chant dont le sens a été conservé dans ce vieux refrain : Au gui ! l’an neuf, c’est-à-dire, « Allons cueillir le gui sacré ; voici la nouvelle année qui commence. » Pendant la paix, les Druides rendaient la justice et instruisaient le peuple, quand les soins du culte ne les occupaient pas. À la guerre, les bardes et les devins, sorte de prêtres inférieurs, accompagnaient les guerriers et les excitaient par leurs chants et par leurs prédictions. Mais les femmes appelées Druideses éiaient surtout respectées. Vêtues de longues robes hlanches, avec une ceinture de cuivre, elles prédisaient l’avenir d’après l’inspection des étoiles ou des entrailles des victimes. Quand on amenait un prisonnier, elles accouraient pieds nus, l’épée à la main, et elles le traînaient sur le bord d’un fossé. Là, la Druidesse la plus respectée lui enfonçait le couteau dans la poitrine, et elle tirait des augures favorables ou défavorables de la manière dont le sang jaillissait de la blessure : tant était profonde l’ignorance, tant était complet l’aveuglement de ces peuples privés des lumières du christianisme.

IX. Dolmens menhirs, cromlechs. — Outre les vestiges de la langue celtique que la Basse-Bretagne a conservés, il reste encore sur notre sol d’autres monuments de ces temps reculés. Le nom de la ville de Dreux (Eure-et-Loir) rappelle peut-être que c’était là le point central des réunions druidiques ; celui de Montbard (Côte-d’Or) marque probablement la montagne où tes bardes s’assemblaient. Enfin, le voyageur rencontre à chaque pas, en Bretagne, des dolmens, des menhirs et des cromlechs[1], immenses pierres sur lesquelles les Druides offraient leurs sacifices. Les dolmens se prolongeaient quelquefois en forme de galerie obscure. Un des plus curieux monuments de ce genre est celui que les paysans bretons appellent la Roche-aux-Fées, à peu de distance de Rennes.

  1. Les dolmens ou table de pierre sont formés de trois à quinze pierre brutes plantées verticalement qui en supportent une autre horizontale ; les menhirs sont fichés en terre isolément ou rangés en avenue : les cromlechs sont de menhirs disposés en cercle autour d’au autre plus élevé.