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cadavres de ses victimes se présenter à lui la face hideuse et couverte de sang ; il ne tarda pas à mourir au milieu de ces cruelles souffrances. Comme il ne laissait pas d’enfant, le trône revenait à son frère Henri, qui était alors en Pologne ; en attendant son retour, Catherine de Médicis administra le royaume.

302. Jugement sur Charles IX. — Réforme du calendrier. — Si Charles IX ne peut être absous par l’histoire, il est juste de reconnaître qu’une grande part des malédictions qu’il mérite doit retomber sur la tête de sa mère. C’est elle qui apporta à la cour de France les honteux plaisirs, la fausse et hypocrite dévotion, et toutes les turpitudes qui déshonoraient les cours italiennes d’alors. C’est elle qui, pour satisfaire son exécrable ambition, abusa de l’empire qu’elle exerçait sur le faible esprit de son fils, et en fit l’instrument de son odieuse politique. Enfant, elle le priva de toute éducation généreuse ; adolescent, elle le corrompit afin de le mieux dominer ; jeune homme, elle le poussa à des crimes qui ont voué son nom a une exécration éternelle. — C’est à partir du régne de Charles IX seulement que le commencement de l’année a été fixé au 1er janvier par l’édit de Roussillon[1], publié en 1564. Jusqu’à cet édit, l’année avait toujours commencé à Pâques ; cette fête étant mobile, il en était résulté une grande confusion dans les calculs chronologistes.

303. henri revient en france. — Dès que Henri III apprit la mort de son frère, il se disposa à quitter la Pologne, où le vœu de la nation l’avait appelé à régner, et fit ses préparatifs de départ avec une précipitation qui trahissait sa joie. Habituè à la vie élégante et aux plaisirs de la cour de France, il trouvait dur de passer sa vie au milieu des Polonais, presque barbares encore, d’entendre leurs longs discours en latin au lieu des gais propos du Louvre, et d’assister à cheval, au milieu d’une plaine poudreuse, à d’interminables diètes, au lieu de conduire un tournoi ou de diriger une chasse. D’ailleurs ses idées de pouvoir absolu s’accordaient mal avec les prétentions de la noblesse polonaise. Dans la crainte qu’on ne voulût le retenir, il se sauva pendant la

  1. Roussillon, bourg sur la rire gauche du Rhône, à 20 kil. au S. de Vienne (Isère).