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trons jusqu’à la dernière goutte de notre sang : » Il est probable que d’autres gouverneurs, sans oser résister ouvertement, n’exécutèrent pas en tout point les ordres qu’ils avaient reçus, en sorte que le nombre des morts, qu’on évalue ordinairement à trente mille, ne fut sans doute pas aussi considérable. On aime aussi à rappeler le nom de l’évêque de Lisieux Jean Hennuyer, qui sauva les protestants de son diocèse en les recueillant dans son palais, et en ramena un grand nombre à la foi catholique par sa charité.

300. quatrième guerre civile. — On croyait le parti protestant anéanti ; on se trompait : le nombre des religionnaires était seulement diminué momentanément. Ceux qui restaient se réfugieront dans leurs places de sûreté, principalement à la Rochelle, et s’y défendirent en désespérés ; ainsi éclata la quatrième guerre civile. Ce crime tout politique de Catherine, qu’elle avait cherché à colorer d un prétexte de religion, fut donc inutile comme tous les crimes politiques, ou plutôt il tourna contre le but qu’elle voulait atteindre[1]. Les protestants trouvèrent des auxiliaires parmi les catholiques eux-mêmes. Un parti s’était formé, qui prêchait la modération, et qu’on appela le parti des’’Politiques ; à sa tête était le plus jeune frère du roi, le duc d’Alençon. Aussi la cour jugea-t-elle à propos de signer la paix ; elle accorda aux huguenots la Rochelle, Nîmes et Montauban pour places de sûreté.

301. mort de charles ix, 1574. — Depuis la nuit fatale du 2 août, Charles IX. languissait dévoré de remords et atteint d’un mal étrange et horrible : le sang lui sortait par les pores. Épuisé par une fièvre ardente qui lui donnait le délire, il croyait voir à tout moment, dans la veille et pendant son sommeil, les

  1. La cause du catholicisme n’avait rien à gagner a massacre des protestants ; elle ne pouvait au contraire qu’être compromise par un semblable moyen. C’est donc vainement qu’on chercherait à rendre la religion responsable des crimes et de l’ambition de Catherine de Médicis.