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vement leur indépendance politique. La puissance de la maison d’Autriche, qui, sous Charles-Quint et Philippe II, avait été si redoutable pour la France et pour l’Europe, était enfermée dans de justes limites. L’équilibre européen était assuré, et la liberté de conscience reconnue en matière de croyance religieuse. Tout cela était l’œuvre de la France : François Ier et Henri II y avaient coopéré par la lutte qu’ils avaient soutenue contre la maison d’Autriche ; Henri IV avait suivi la même politique avec une pensée mieux arrêtée ; Richelieu, reprenant les projets de ce grand roi, les avait poursuivis avec une rare intelligence ; Mazarin venait de les mener à bonne fin par son habileté diplomatique.

342. la fronde. — Le jour même où l’on chantait un Te Deum à Notre-Dame pour célébrer la victoire de Lens, une émeute populaire donnait à Paris le signal de ces troubles civils, qu’on appelle la Fronde. Les Frondeurs[1] étaient le parti des mécontents, des adversaires de Mazarin et de la cour. On distingue la Vieille et la Jeune Fronde. Dans la Vieille Fronde, le Parlement de Paris, soutenu par la bourgeoisie et le peuple, lutte d’abord contre le cardinal, et essaye de fonder en France une monarchie tempérée par la magistrature. Menacé dans Paris par l’armée royale, il accepte ensuite les services de jeunes seigneurs, qui se font un jeu de la guerre civile pendant quelques mois, et mêlent leurs fêtes licencieuses et leurs intrigues galantes aux graves intérêts de la politique. La lutte, sérieuse au début, devient frivole, ridicule et quelquefois bouffonne dans les détails. La Jeune Fronde commence avec la révolte de Condé, autour duquel se groupe le parti des petits-maîtres ; c’est une tentative coupable et impuissante de l’aristocratie contre la royauté. Les

  1. Les noms de Fronde et de Frondeurs furent appliqués, dit-on, aux mécontents, par un magistrat du Parlement, qui compara leur résistance à celle des enfants du peuple qui s’amusaient à se livrer bataille avec des frondes dans les fossés de Paris, et qui se tournaient souvent contre les archers envoyés pour les séparer. Les mots frondeur, fronder, sont restés dans la langue, pour exprimer la manie du blâme, de la critique.