Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/195

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mettre à feu et à sang le Palatinat, et délivra l’Alsace de la présence des Impériaux. Turenne ayant été tué l’année suivante, Condé le remplaça ; mais il se relira quelques mois après, et pour toujours, dans sa magnifique et délicieuse maison de Chantilly. Une quatrième armée, sous les ordres de Schomberg, triompha des Espagnols au sud, pendant que l’amiral Duquesne battait complètement, dans les parages de la Sicile, la flotte espagnole et la flotte hollandaise réunies ; la Sicile se soumit, et pendant deux années elle reconnut Louis XIV pour son roi. En Allemagne enfin, les Suédois, seuls alliés de la France, secondèrent ses efforts par une heureuse diversion. La paix de Nimègue mit fin à cette guerre générale. Les divers traités qui furent successivement conclus avec la Hollande et l’Espagne en 1678, avec l’Empire en 1679, rendirent aux Hollandais ce qu ils avaient perdu, et assurèrent à la France la Franche-Comté et douze places fortes dans les Pays-Bas. De retour à Paris. Louis XIV reçut à l’Hôtel-de-Ville le surnom de Grand ; il avait en moins de vingt années placé la France à la tête de l’Europe.

354. les chambres de réunion. — Mais il touchait à l’apogée de sa grandeur. Au lieu de rassurer l’Europe alarmée, en observant les traités conclus, il créa à Metz, à Brisach et à Besançon, des chambres dites de’’réunion, qui furent chargées de rechercher les dépendances des Trois-Évêchés, de l’Alsace et de la Franche-Comté, pour les réunir à la couronne. La France fit ainsi des conquêtes en pleine paix, et inspira de nouvelles craintes à l’Europe.

355. Révocation de l’édit de Nantes, 1685. — Pendant qu’il réveillait ainsi la jalousie des puissances étrangères, Louis XIV ne craignit pas d’enlever aux protestants de son royaume les garanties que leur avait assurées l’édit de Nantes. Depuis que Richelieu, en les anéantissant comme parti politique, leur avait laissé leurs synodes, leurs pasteurs et leurs chambres dans les parlements, ils étaient demeurés paisibles et soumis. Mais Louis XIV voulait rétablir l’unité de religion en France, comme y était désormais assise l’unité de la monarchie. Par les conseils de Louvois, qui était devenu tout-puissant depuis la mort de Colbert, il révoqua