Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/196

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’édit de Nantes, et défendit l’exercice public de la religion protestante. Louvois se chargea d’exécuter cette mesure ; il envoya les dragons du roi en Poitou convertir les huguenots par la force des armes. Mais les paysans des Cévennes, sous le nom de Camisards, firent une résistance opiniâtre ; ils tinrent tête à trois maréchaux de France dirigés successivement contre eux, et pour les réduire, il fallut employer les négociations autant que les armes. Deux cent mille protestants, suivant les uns, soixante mille seulement, suivant les autres, sortirent de France pour échapper à la persécution ; ils allèrent enrichir de leur industrie la Hollande et la Suisse, ou bien s’enrôler dans les rangs de nos ennemis, pour venir venger la mort de leurs coreligionnaires.

356. ligue d’augsbourg. nouvelle guerre, 1687. — Guillaume d’Orange, qui avait épousé en 1678 la fille du doc d’York, nièce du roi d’Angleterre Charles II, sut habilement profiter de toutes les haines que Louis XIV amassait autour de lui ; il réussit à former contre la France la ligue d’Augsbourg entre la Hollande, l’empereur, les princes de l’empire et la Suède. L’Angleterre y accéda l’année suivante, lorsque Guillaume eut détrôné son beau-père Jacques II, frère et successeur de Charles II[1]. Louis XIV ne s’effraya pas d’avoir à lutter contre toute l’Europe ; il envoya ses armées dans le Palatinat, et il déclara la guerre à l’Espagne, au Saint-Siège, au Danemark à la Suède et à Guillaume III, qu’il traitait d’usurpateur. Une flotte française et une armée de débarquement furent chargées d’aller rétablir sur son trône Jacques II, qui avait trouvé un généreux accueil à la cour de Louis XIV. Cette flotte le conduisit en Irlande, où la famille des Stuarts était restée populaire ; mais, après quelques succès, le roi détrôné, au lieu de passer en Écosse, où on l’appelait, s’arrêta à faire le siège de certaines villes. Guillaume, qui était accouru, reprit l’avantage à la bataille de la Boyne (1690), et força son beau-père à la retraite. Tourville, placé à la tête d’une nouvelle flotte, livra et perdit, en vue du cap de la

  1. Ce changement de dynastie est appelé la Révolution de 1688.