Page:Magin-Marrens - Histoire de France abrégée, 1860.djvu/218

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prince. — Louis XV, rongé d’ennuis, dégoûté de tout, et contemplant d’un œil indifférent la dissolution de la société et de la monarchie, qui s’opérait autour de lui, termina honteusement son règne en 1774. Il eut pour successeur son petit-fils Louis XVI, âgé de vingt ans. Le nouveau roi apportait sur le trône de bonnes intentions. Animé de l’esprit de foi et de charité, économe pour lui-même, bienfaisant pour les autres, « il avait l’esprit juste, le cœur droit et bon ; mais il était sans énergie de caractère et n’avait aucune persévérance dans sa conduite. » (Mignet.) Ce n’était pas le prince qu’il fallait à la France dans la situation critique où elle se trouvait placée. La cour connaissait à peine ce sérieux et austère jeune homme, qui jusque-là, dans la solitude qu’il s’était faite à Versailles, avait caché une incurable défiance de lui-même et une singulière timidité ; ses occupations chéries étaient de copier des cartes de géographie, ou de faire de la serrurerie, de l’horlogerie et de la menuiserie. On lui avait bien appris quelques éléments de l’histoire et des langues ; mais son éducation ne l’avait pas suffisamment préparé au rôle de roi, et il se trouva livré à ses seuls instincts d’honnêteté et de justice, avec une intelligence ordinaire, au milieu du déchaînement des passions les plus opposées.

386. réformes intérieures. — Les premiers actes de Louis XVI furent d’un heureux augure. Il remit à la nation le droit de joyeux avènement ; il affranchit tous les serfs qui restaient encore dans les domaines de la couronne ; il réduisit les impôts et les tailles, abolit la question judiciaire, fit raser les deux prisons détestées du Petit-Châtelet et du For-l’Évêque, et donna sur sa propre cassette deux cent mille francs aux pauvres. Les plus douces espérances saluaient le nouveau règne, et l’on trouva un matin, sur le piédestal de la statue de Henri IV, au pont Neuf, cette inscription : « Il est ressuscité. » L’entrée du sage Turgot et du vertueux Malesherbes au ministère parut destinée à compléter les réformes que le jeune roi voulait opérer. Turgot,