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porta Neples d’assaut et y proclame la république parthénopéenne (janvier 1799). La campagne s’ouvrait d’une manière brillante ; mais la fortune changea, lorsque les Autrichiens et les Russes entrèrent en ligne. Jourdan fut battu sur le Danube et Schérer sur l’Adige ; quarante mille Russes, commandés par Souwarov, après avoir refoulé Moreau dans la Ligurie et vaincu Macdonald à la Trebbia, reprirent l’Italie à la République ; enfin quarante mille Anglo-Russes débarquèrent en Hollande sous les ordres du duc d’York. Les ennemis du Directoire, enhardis par les succès de la coalition, relevèrent la tête ; l’Ouest et le Midi reprirent une attitude menaçante ; le Directoire se vit ébranlé de toutes parts. Les victoires de Brune à Berghen sur le duc d’York, et de Masséna à Zurich sur Souwarov ne le sauvèrent pas. Les élections de l’an VII ne lui avaient pas donné la majorité, et trois Directeurs avaient été obligés de se démettre le 30 prairial (19 juin 1799). Les deux Conseils étaient divisés : le parti modéré dominait dans les Anciens, les républicains exaltés aux Cinq-Cents ; l’anarchie faisait de rapides progrès. La France attendait un homme d’action, popularisé par de grands succès militaires, qui pût imposer silence aux partis, rétablir l’ordre et faire face aux dangers extérieurs. Ce fut alors que Bonaparte débarqua à Fréjus, le 17 vendémiaire (9 octobre 1799), revenant d’Egypte.

395. Expédition d’Égypte, 1798-1799. — Les Directeurs l’avaient envoyé conquérir cet antique berceau de la civilisation, parce que sa présence leur faisait ombrage. En effet, le jeune vainqueur de l’Italie avait été reçu avec enthousiasme à Paris, après la paix de Campo-Formio ; ou l’avait fait passer sous une voûte de drapeuux conduis par sont armée, et l’on avait dressé pour lui un autel de la patrie dans le Luxembourg même, sous les yeux du Directoire. Sa fortune le suivit en Orient. Après s’être emparé de Malte en passant (12 juin 1798), Bonaparte avait débarqué à Aboukir le 1er Juillet, pris Alexandrie le 2, culbuté Mourad-Bey et ses mameloucks à Ramanieh, à Chébréiss, à la bataille das Pyramides (21 juillet), et occupé le Caire le surlendemain. Maître du pays, il l’avait organisé, sans se préoccuper du désastre d’Aboukir, où l’amiral anglais Nelson avait détruit sa flotte ; les savants qu’il avait emmenés à se suite avaient envahi à leur tour las rives du Nil, si riches en souvenirs, et commencé leurs explorations scientifiques sur tous les points, et l’Institut d’Égypte avait été