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les porte, les arsenaux ; il encouragea l’industrie, le commerce, les lettres et les arts. L’instruction publique fut réorganisée, ainsi que l’École polytechnique et l’Institut, nobles et utiles créations de la Convention ; enfin, un ordre militaire et civil, la Légion d’honneur, fut établi pour récompenser tous les mérites (mai 1802). La reconnaissance nationale paya tant de bienfaits ; sur la proposition du Tribunal, Bonaparte fut nommé consul pour dix ans (6 mai 1802), et trois mois après consul à vie. Ce fut l’objet de la Constitution de l’an X, acceptée par trois millions et demi de citoyens. Le décret portait : « Le peuple français nomme et le Sénat proclame Napoléon Bonaparte premier consul à vie. Une statue de la Paix, tenant d’une main le laurier de la victoire, de l’autre le décret du Sénat, attestera à la postérité la reconnaissance de la nation. »

400. Complots et conspirations. — Mort du duc d’Enghien. — Le gouvernement tendait à la monarchie : il se fortifiait en dépit des complots et des conspirations. Une nouvelle tentative des mécontents hâta le dénouement. Bonaparte, échappé comme par miracle au poignard d’Aréna et de ses complices (1799), puis à l’explosion d’une machine infernale disposée dans la rue Saint-Nicaise, près du Carrousel (1800), découvrit en 1804 une nouvelle conspiration, dont les principaux chefs étaient Georges Cadoudal et Pichegru. Le premier fut arrêté dans la rue et mis a mort ; le second s’étrangla dans sa prison ; Moreau, qui avait reçu leurs confidences, fut exilé. Le jeune duc d’Enghien, petit-fils du prince de Condé, fut impliqué dans ce complot, enlevé sur la frontière du Rhin, conduit à Vincennes, mis en jugement, condamné et fusillé dans les fossés du château, durant la nuit du 20 au 21 mars.

401. Napoléon empereur, 1804. — Bonaparte n’attendait plus pour monter sur le trône que l’initiative des grands corps de l’État. Le Sénat comprit cette hésitation, et une députation, prise dans son sein, alla dire au premier consul : « Vous fondez une ère nouvelle ; mais vous devez l’éterniser. Vous pouvez mettre un frein aux conspirations, désarmer les ambitieux, tranquilliser la France entière, en lui donnant des institutions qui prolongent pour les enfants ce que vous avez fait pour les pères. Grand homme, achevez votre ouvrage en le rendant immortel comme votre gloire. » Un mois après, le 30 avril, un membre du Tribunat proposa que Napoléon Bonaparte,