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les glaces de la Russie. Le czar Alexandre, qui voyait le commerce de son empire entravé par le blocus continental, n’avait pas hésité à rouvrir ses ports aux Anglais ; Napoléon déclara aussitôt la guerre à la Russie. Laissant sur ses derrières les Espagnols aux prises avec ses lieutenants, Qui remportaient de stériles victoires. Il quitta Paris le 9 mai 1812, à la tête d’une admirable armée de cinq cent mille hommes, et ayant sous ses ordres les maréchaux Davoust, Ney, Oudinot, le prince Eugène son beau-fils, son beau-frère Murat, le prince Poniatowski, et une foule d’autres généraux illustres. Il franchit le Niémen au mois de juin, soumit la Lithuanie, s’empara de Smolensk (17 août), et entra dans Moskou le 14 septembre, après avoir gagné, aux portes de cette capitale, la sanglante bataille de la Moskowa, qui coûta cinquante mille hommes aux Russes. Il avait résolu de prendre ses quartiers d’hiver à Moskou et de marcher au printemps sur Pétersbourg ; mais un vaste incendie, allumé par les ordres mêmes du gouverneur russe Rostopchin, anéantit Moskou, et après un mois d’hésitation, il fallut songer à la retraite ; car l’hiver approchait, l’hiver de la Russie. L’armée se mit en marche le 23 octobre ; mais le 7 novembre, lorsque la neige, qui tombait à gros flocons, commença à ensevelir hommes et chevaux, lorsque les vivres manquèrent, et qu’un froid glacial sema la route de cadavres, le désordre se mit dans les rangs ; ce ne fut plus une retraite, mais une déroute désespérée. Trente mille hommes périrent au passage de la Bérésina (28 novembre). En même temps la Prusse et l’Autriche se déclaraient contre la France, et le général Mallet tentait de renverser à Paris le gouvernement impérial (23 octobre). Napoléon quitta le 5 décembre la Grande armée, et arriva le 18 du même mois dans la capitale, pendant que ses troupes achevaient leur retraite au milieu des plus cruelles souffrances.

409. Campagnes d’Allemagne et de France. — Loin de perdre courage, l’empereur demanda au Sénat et en obtint une nouvelle armée de 350, 000 hommes, avec laquelle il partit pour la Saxe. Vainqueur à Lutzen (2 mai), à Bautzen (20 mai), et à Dresde (27 août), il fut battu à Leipzig le 19 octobre 1813, par suite de la défection des Saxons, et contraint de se replier vers la France. Ses ennemis, dont le nombre grossissait sans cesse, l’y suivirent. Pendant que les Suédois et les Allemands pénétraient au nord ; les Russes, les Autrichiens et les Prussiens à l’est, le duc de Wellington avait