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franchi les Pyrénées et envahi le sud de la France à la tête des Anglo-Espagnols. En face de tant de périls, Napoléon se multiplia, et trouva de soudaines inspirations ; il écrasa les Prussiens à Champ-Aubert, à Montmirail, à Château-Thierry, à Vauchamp, et culbuta les Autrichiens à Montereau. Mais ses généraux furent battus, et les alliés arrivèrent sous les murs de Paris le 30 mars 1814.

410. Abdication de l’empereur, 11 avril 1814. — La capitale, vaillamment défendue par la garde nationale et les élèves de l’école Polytechnique, fut réduite à capituler dès le lendemain après un combat acharné. Les souverains étrangers y entrèrent, et le Sénat déclara Napoléon déchu du trône. L’empereur pouvait lutter encore ; la glorieuse bataille de Toulouse (10 avril}, où le maréchal Soult, duc de Dalmatie, avec trente mille hommes, avait tenu tête aux quatre-vingt mille Anglo-Espagnols de Wellington, prouvait que la France n’avait pas épuisé ses ressources. Mais Napoléon ne crut pas devoir prolonger la guerre ; il abdiqua le 11 avril à Fontainebleau : « Mes vieux compagnons, dit-il à ses soldais, en leur faisant ses adieux et en embrassant le drapeau, que ce baiser passe dans vos cœurs. » Puis il partit pour l’île d’Elbe, dont la souveraineté lui était accordée, accompagné des généraux Bertrand, Drouot et Cambronne, et de quatre cents hommes de sa garde impériale. Ainsi finit l’Empire.

411. Première Restauration. Charte constitutionnelle. — Louis-Stanislas-Xavier, Comte de Provence, frère de Louis XVI, fut appelé à régner sur la France, et proclamé sous le nom de Louis XVIII ; avec lui la famille des Bourbons remonta sur le trône de ses aïeux. Le nouveau roi fit son entrée à Paris le 3 mai, accompagné de sa nièce, la duchesse d’Angoulême. Le 4 juin suivant, il promulgua la Charte constitutionnelle, qui établissait le gouvernement représentatif, et garantissait la liberté des opinions et des cultes, l’égalité des français devant la loi, le complet oubli du passé. Trois pouvoirs, le roi, investi de la puissance exécutive, une chambre héréditaire, celle des Pairs, et une chambre élective, celle des Députés, devaient concourir à la confection des lois et au règlement des impôts. Mais le retour aux principes de l’ancien régime, la substitution du drapeau blanc au drapeau tricolore, les défiances témoignées à l’armée, les faveurs et les grades prodigués aux courtisans ne tardèrent pas à susciter des mécontentements