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somme dont le taux variait suivant la gravité du délit. La peine de mort était sévèrement proscrite de tous les codes, comme si l’homme ne s’était pas cru le droit d’ôter la vie à son semblable, même au nom de la société troublée par le crime. Mais une choquante disproportion existait dans le tarif fixé par la loi pour les vainqueurs et pour les vaincus : on payait 200 sols d’or, pour le meurtre d’un Franc, 100 pour un propriétaire romain, 600 pour un Franc convive du roi[1], 300 pour un Romain convive du roi. C’est ce qui s’appelait le wehrgeld ou argent de la défense. La loi entrait même dans des détails minutieux ; elle fixait une somme pour chaque blessure, tant pour un œil arraché, tant pour une oreille ou pour un nez coupé, tant pour une dent cassée.

46. Épreuves, duel judiciaire. — Dans ces temps de grossière ignorance, où les lois de la procédure criminelle étaient inconnues, où l’on avait aucun moyen régulier de constater la vérité, on avait souvent recours, pour découvrir le coupable, aux épreuves par l’eau, par le fer, par le feu, etc. Il fallait que l’accusé prit une boule placée au fond d’un vase rempli d’eau bouillante, ou qu’il portât dans sa main un fer rougi au feu. Il était absous, si sa main ne conservait aucune trace de brûlure ; condamné, si le contraire arrivait. Quelquefois on le plongeait dans une rivière ou dans un grand bassin d’eau froide, pieds et poings liés, et s’il surnageait, il était jugé coupable ; on disait que l’élément le rejetait de son sein. Le duel ou combat judiciaire était aussi un des moyens fréquemment employé ; les femmes se choisissaient un champion. Ces usages, absurdes subsistèrent jusqu’au temps de saint Louis, qui réforma l’administration de la justice ; le duel judiciaire ne fut même aboli que sous Philippe-le-Bel

47. Succession des femmes. — Ne quittons pas la loi salique sans mentionner le célèbre article sur la succession des femmes. Cette loi, faite pour un peuple qui vivait au milieu des violence résulte de l’emploi constant de la force, parce que la terre salique ne peut-être possédée par une femme, parce qu’elle est inhabile à la défendre. On a plus tard appliqué cette interdiction à la succession royale, qui a été ainsi assimilé à la terre salique, et par suite de ce

  1. On appelait convive du roi tout homme noble ayant un rang suffisant pour être admis à la table du roi.